Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale (BM), avait déclaré le 15 juin dernier au Burkina Faso qu'il s'engageait à ce que les ressources tirées de l'annulation de la dette de 18 pays pauvres profitent aux populations des Etats bénéficiaires. Cette décision avait été prise quelques jours auparavant à Londres par les ministres des Finances des pays riches, et ce, en prévision du sommet du G8, qui aura lieu du 6 au 8 juillet 2005 à Gleneagles (Ecosse). L'accord des argentiers du monde prévoyait que 18 pays bénéficient immédiatement d'une annulation de leur dette envers le Fonds monétaire international (FMI), la BM et la Banque africaine de développement (BAD), qui s'élève à 40 milliards de dollars. Les 14 pays africains concernés par cette décision sont la Mauritanie, le Niger, le Mali, le Sénégal, le Bénin, le Burkina Faso, l'Ethiopie, le Ghana, le Madagascar, le Mozambique, le Rwanda, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie ainsi que la Guyane, le Honduras, la Bolivie et le Nicaragua pour l'Amérique latine. Dans les onze à dix-sept prochains mois, 9 autres pays bénéficieront d'une mesure similaire, pour 11 milliards de dollars. Et 11 pays supplémentaires pourront bénéficier d'une annulation de 100% de leur dette, pour un montant de 4 milliards de dollars, une fois qu'ils auront atteint les critères nécessaires. Au total, l'annulation de la dette pourra donc s'élever jusqu'à 55 milliards de dollars, dont 6 dus au FMI, 44 à la BM et 5 à la BAD. « Pour la première fois dans leur vie, 280 millions d'Africains se réveilleront demain sans devoir le moindre penny de ce fardeau de la dette qui les handicape, ainsi que leurs pays, depuis si longtemps », avait, à cette date, déclaré Bob Geldof, l'organisateur des concerts du Live 8. Cependant, aucun engagement n'avait été pris à l'égard du doublement de l'aide publique au développement, de 50 à 100 milliards de dollars par an. Lors de la deuxième conférence au sommet du Sud (Groupe des 77+Chine), tenue à Doha à la mi-juin dernier, le président Bouteflika avait souligné « le contexte international particulièrement difficile » dans lequel évoluent les pays du Sud. Il avait alors rappelé que « les partenaires du Nord n'ont malheureusement pas honoré une grande partie de leurs engagements, régulièrement annoncés à l'occasion de grands forums ». Le chef de l'Etat avait surtout soulevé la question de l'aide publique au développement et de la dette ainsi que la problématique de l'ouverture des marchés des pays riches aux produits des pays sous-développés.