Le président de la BM qui s'est fait prendre la main dans le sac pour népotisme, embarrasse le monde de la finance. Paul Wolfowitz, président-directeur général de la Banque mondiale (BM) est, depuis mercredi, au centre d'un scandale de népotisme, qui secoue la BM et le monde de la finance internationale. M.Wolfowitz a été désigné, en 2005, à la tête de la BM par le président américain, George W.Bush. Il faut savoir, en effet, qu'en vertu d'une règle non écrite, les Etats-Unis et l'Europe se partagent les nominations à la tête des deux organismes financiers internationaux, la BM et le FMI (Fonds monétaire international). Ainsi, depuis leur création en 1945 à Bretton Woods, les Etats-Unis désignent le président de la BM et l'Union européenne celui du FMI. Mais c'est au plan politique que Paul Wolfowitz s'est fait connaître -avant d'être bombardé P-DG de la BM- en tant que superfaucon et l'un des stratèges de l'administration Bush qui ont poussé à la guerre en Irak. Avant d'accéder à sa nouvelle fonction, Paul Wolfowitz était adjoint au secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, qui a mené l'invasion et la guerre contre l'Irak en mars 2003. Le scandale Wolfowitz a éclaté lorsque le personnel de la BM a découvert dans les document internes de la BM que ce dernier avait, exagérément, augmenté une employée de la banque avant son détachement au département d'Etat. Ex-responsable de la communication de la BM pour le Moyen-Orient, Mme Riza avait été détachée de cette institution en septembre 2005 pour rejoindre le département d'Etat, six mois après l'arrivée à la présidence de M.Wolfowitz. Ce dernier avait, après sa désignation à la tête de la Banque, informé le Conseil d'administration de la liaison qu'il entretenait avec elle et celui-ci avait recommandé qu'elle soit détachée dans une autre administration pendant la durée du mandat de M.Wolfowitz. Selon des documents internes à la Banque, Mme Riza aurait reçu, sur ordre de M.Wolfowitz, plus de 60.000 dollars d'augmentation de salaire portant ses émoluments à quelque 200.000 dollars par an. Avec les prodigalités qu'il lui a dévolue, Mme Riza s'est trouvée être mieux payée que la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Cette affaire qui a pourri l'atmosphère de la BM a été étudiée dans la nuit de jeudi à vendredi par le Conseil d'administration (qui a indiqué dans un communiqué qu'il n'avait été ni tenu au courant ni approuvé ces augmentations). Le Conseil mettra sans doute à profit la réunion des gouverneurs, prévue, aujourd'hui à Washington, pour tenter de trouver une issue à ce cas, très embarrassant pour l'institution internationale. Hier, l'incertitude était totale au sein du personnel de la BM quant au sort réservé à M.Wolfowitz, quoique celui-ci ait reçu le soutien du président Bush, qui l'a nommé, et de son administration. Il n'en reste pas moins que la position de Paul Wolfowitz est devenue intenable et les observateurs s'attendent à ce qu'il décide de lui-même à quitter ses fonctions à la tête de la BM. Aux Etats-Unis, beaucoup ne partagent pas la confiance de M.Bush, parmi eux, un des candidats démocrates à la présidentielle de 2008, John Edwards, qui a réclamé hier la démission de l'ancien numéro deux du Pentagone et l'un des principaux architectes de la guerre en Irak. Par ailleurs, plusieurs ONG, dont l'appui contribue à l'efficacité de la Banque sur le terrain, ont aussi demandé le départ de M. Wolfowitz. Oxfam (une ONG spécialisée dans la lutte contre la faim dans le monde) a jugé que «si le conseil d'administration de la Banque mondiale estime que les règles ont été violées» par M. Wolfowitz, «il est difficile qu'il continue». De son côté, le Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde (Cadtm) a indiqué hier, «Alors qu'il se pose en apôtre de la lutte contre la corruption, Wolfowitz est pris la main dans le sac. La seule issue acceptable est sa démission immédiate» Enfonçant le clou, le ministre français de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, a estimé, à l'issue de la réunion des grands argentiers du G7, vendredi à Washington, que la Banque mondiale était «une institution qui doit avoir une gouvernance éthique irréprochable», ajoutant: «Je fais pleinement confiance au Conseil d'administration de la Banque mondiale» pour régler cette affaire. Pour leur part, les employés de la BM ne décolèrent pas, qui ont écrit dans l'un des forums internes du personnel de la Banque, «Comment diable pouvons-nous regarder nos clients dans les yeux et leur faire des discours contre le népotisme et la corruption? Je n'arrive pas à me remettre de l'effronterie de ce comportement». Une employée de la BM a été jusqu'à dire que «beaucoup de gens ont l'impression que (Wolfowitz) a été nommé pour démolir la Banque mondiale, et que c'est ce qu'il est en train de faire», manifestement inquiète de l'avenir de l'institution bancaire mondiale. Et c'est M.Wolfowitz, qui augmente excessivement le salaire de son «amie», qui s'oppose à l'annulation de la dette des pays pauvres. No Comment!