Les pays riches du G7-Finances ont entamé, vendredi à Washington, leur réunion de printemps sur fond de crise à la Banque mondiale. Cette rencontre des ministres des Finances et des banquiers centraux des sept pays les plus industrialisés du monde (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), qui se tient chaque année en prélude aux assemblées de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), a été en partie éclipsée par les soucis de Paul Wolfowitz, très ébranlé à la tête de la Banque mondiale à la suite d'un scandale. L'incertitude continue donc de peser sur le sort du président de la Banque mondiale désavoué par les actionnaires et ses employés. Englué dans une affaire de népotisme au sein de la banque qui met à mal son image de pourfendeur de la corruption, celui qui fut l'un des artisans de la guerre en Irak au sein de l'administration Bush lutte à présent pour sa survie à la tête de l'institution chargée d'aider les pays pauvres. Par ailleurs, le conseil d'administration de la BM s'est réuni dans la nuit de jeudi à vendredi pour examiner les mesures à prendre après la décision personnelle de Wolfowitz d'accorder d'importantes augmentations de salaire à sa campagne alors que celle-ci avait été détachée de l'institution lorsqu'il en était devenu le président en 2005. Le Conseil a indiqué dans un communiqué qu'il n'a ni été tenu au courant ni approuvé ces augmentations. Plusieurs ONG, dont l'appui contribue à l'efficacité de la Banque mondiale sur le terrain, ont aussi demandé le départ de Paul Wolfowitz. "La seule issue acceptable est sa démission immédiate", a estimé le Comité pour l'annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM). Beaucoup s'interrogent sur le départ ou non de Wolfowitz et se demandent s'il pourra conserver l'autorité morale nécessaire pour exercer ses responsabilités, après ce qui s'est passé. En revanche, l'administration américaine qui l'a nommé ne semble pas vouloir le lâcher. Georges Bush "a confiance en Paul Wolfowitz et dans son travail à la Banque mondiale (BM)", a déclaré vendredi une porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. Pour leur part, les administrateurs n'ont , pour l'heure, proposé aucun "remède" susceptible de résoudre la situation. Ils semblent avoir laissé à Wolfowitz la possibilité de quitter la scène de sa propre initiative, tout en se réservant le dernier mot. Quoi qu'il en soit, la situation de Paul Wolfowitz est des plus délicates. Sa crédibilité à la tête de la BM est désormais perdue. Plus grave encore, son maintien à la tête de cette banque mettra à mal l'image de l'institution. Il ferait donc mieux de démissionner. A défaut, le conseil d'administration le remplacera. Pour le moment, Wolfowitz reste isolé à l'exception de Bush qui lui manifeste "sa confiance".