L'eau ne coulera pas de sitôt des robinets des 1300 habitations du quartier des Trois Caves II. Ces familles devront patienter encore des semaines, peut-être même des mois ou des années, avant de voir ce liquide précieux couler chez elles. Et pour cause, les opérations de raccordement (piquages) du réseau principal vers les foyers et l'installation des compteurs d'eau n'ont pas été effectués, selon les dires des habitants. « Nous sommes déçus. Cela fait 17 ans que nous recourons aux citernes d'eau à raison de 700 DA l'unité. En 2004, nous avons payé la somme de 7000 DA représentant notre participation aux travaux de réalisation du réseau d'AEP et celui d'assainissement », nous révèle un habitant de ce quartier avant d'enchaîner qu'une somme de 4000 DA a déjà été déboursée en 2003 pour ce même projet. La semaine dernière, des habitants ont payé une autre somme de 2300 DA pour l'installation de compteurs d'eau. Plus de 700 familles, affirme ce jeune du quartier des Trois Caves II, ont payé la totalité de leur quote-part indispensable au raccordement au réseau d'eau portable. « Nous ne savons pas pour quelles raisons les services de l'ADE d'El Harrach n'ont pas procédé au raccordement et à l'installation des compteurs d'eau », lance ce citoyen. Interrogé, le maire d'El Harrach affirmera que le raccordement du réseau principal vers les foyers a été réalisé. « Maintenant, c'est aux habitants de signer des contrats avec l'ADE pour l'installation des compteurs d'eau ». Quant au bitumage des routes et des ruelles, le premier magistrat de la commune ajoute que « c'est une opération assez onéreuse ». « Nous allons essayer de participer à cette opération selon les moyens de l'APC. » Hier, lors de l'inauguration du réseau d'AEP et celui d'assainissement par le wali délégué d'El Harrach, le liquide bleu coulait d'un seul robinet, installé, pour cette circonstance, à l'entrée de la cité à proximité de l'annexe de l'APC. La veille déjà, les employés de l'APC s'affairaient à l'installation de ce robinet. Hier matin, un camion citerne arrosait la rue principale dans le but de « stopper » les épais nuages de poussière. Les bordures des passages pour piétons « imaginaires » ont été peints en rouge et blanc alors que les trottoirs n'existent même pas. Un camion benne s'occupait du ramassage des monticules d'ordures et autres ferrailles des taudis qui jonchent l'entrée de la ville. Dans une lettre adressée au wali d'Alger, et dont nous détenons une copie, le président de l'association Ennadjah, tout en dénonçant le règne de la mafia du foncier, atteste que les responsables locaux n'ont rien entrepris afin de stopper net la dilapidation du foncier au sein de leur cité. C'est ainsi que, estime l'association, la prolifération des baraquements et la dilapidation des espaces verts se sont accentuées, ces derniers mois, d'une manière inquiétante. « Les arrêtés d'attribution nous ont été remis en décembre 1989 pour la construction de nos habitations. Or, entre 2003 et 2005, des personnes viennent et construisent dans les espaces verts et creusent des talus surplombant notre cité du côté de la Gendarmerie nationale. C'est un vrai massacre », affirme le président de l'association. Quant au gaz de ville, la somme de 33 000 DA exigée par Sonelgaz pour le raccordement au réseau est jugée excessive par l'association qui estime que les circulaires du 24 décembre 2001 du chef du gouvernement, ainsi que celle du ministère de l'Energie et des Mines du 29 décembre 2001 fixant la quote-part du citoyen à 10 000 DA, n'ont pas été acceptées. Les problèmes liés aux fosses du stade désaffecté, ceux des 4 lignes moyenne tension ou ceux des rues et ruelles non bitumées ou encore les fuites d'eau émanant de l'hôpital Zemirli, ont été, encore une fois, exposés. Le wali délégué de la circonscription administrative d'El Harrach a promis la prise en charge des doléances des habitants dans les plus brefs délais.