Trente milliards de dollars dépensés en 2004 dans l'armement et la sécurité par les six pays du Golfe (Arabie Saoudite, Koweït, Oman, Emirats arabes unis, Qatar et Bahreïn), c'est ce qu'a indiqué un rapport de 600 pages publié récemment par l'institut du Golfe pour la recherche stratégique basé à Dubaï. L'Arabie Saoudite occupe la tête du classement avec 19,3 milliards de dollars dépensés en 2004 pour l'acquisition de nouveaux systèmes de défense militaire et de sécurité plus performants, soit une augmentation budgétaire de 600 millions de dollars par rapport à 2003. C'est aussi le pays qui possède la plus grande armée de la région avec actuellement 160 000 soldats appartenant à différents corps. Ce chiffre est appelé à augmenter, selon les rédacteurs du rapport, qui prévoient d'ici quelques années 200 000 soldats. Pour accompagner cette transformation et faire face à la fois aux menaces extérieures, mais aussi au terrorisme interne qui prend de plus en plus d'ampleur, le royaume a renouvelé la moitié de ses chars d'origine française de type AMX-30 par plus de 150 nouveaux chars américains de marque Abrams MIA2. Parallèlement à cela, il a aussi équipés ses avions de chasse F-15 de 500 missiles air capables d'atteindre n'importe quel pays proche-oriental, exerçant ainsi une totale hégémonie militaire sur ses voisins régionaux. Le Koweït vient en seconde place avec 4 milliards de dollars dépensés en 2004, soit une augmentation de 200 millions de dollars par rapport à 2003. Ce pays, dont une partie de son infrastructure militaire, fut détruite par l'armée de Saddam Hussein lors la deuxième guerre du Golfe, cherche à combler le retard qui le sépare de son voisin saoudien et à regagner la position militaire et économique privilégiée d'avant la guerre. Mais cela est loin d'être fait, au vu notamment de son effectif militaire qui n'a atteint pour l'instant que 15 000 soldats et 24 000 réservistes. L'objectif étant de disposer de 40 000 soldats dans les prochaines années, même si tous les incorporés le sont à titre volontaire et peuvent facilement quitter les drapeaux après deux ans de service. Sur le plan de la restructuration militaire, le Koweït a fait commande de 19 hélicoptères de combat de type Patriot ainsi qu'un nombre non indiqué de bateaux de guerre. Plus que cela, ce pays a bénéficié d'un traitement spécial de la part des Etats-Unis qui le considère comme un « allié stratégique » dans la région à cause de la lutte qu'il mènerait contre le terrorisme international et son action en faveur de la paix et de la stabilité dans le monde, selon toujours le même rapport. Vient ensuite en troisième position le sultanat de Oman avec 2,6 milliards de dollars de dépenses militaires pour l'année dernière et 46 000 soldats, dont 6000 destinés uniquement à la Garde royale. Le Qatar, les Emirats arabes unis et le Bahreïn occupent le bas de l'échelle. Si leurs effectifs militaires ne sont pas aussi importants que celui de l'Arabie Saoudite ou du Koweït, il n'en demeure pas moins qu'ils restent liés par de solides accords de défense commune avec les Etats-Unis. C'est le cas notamment du Qatar, dont le territoire est devenu, ces dernières années, une véritable base logistique et militaire pour l'armée américaine. Idem pour les Emirats et le Bahreïn, mais avec une présence plus discrète. Par ailleurs, bien qu'elle soit embryonnaire, la défense commune entre tous les pays du Golfe est une idée qui fait discrètement son chemin. Cinq mille soldats sont déjà mis à la disposition des Etats de la région, prêts sans doute à défendre n'importe quel pays en cas d'agression extérieure. Ce chiffre sera revu à la hausse prochainement, il atteindra environ 40 000 personnes. En attendant, des parades communes ont déjà eu lieu en Arabie Saoudite. Elles visent à permettre aux soldats des différents pays d'interagir et de s'accepter comme nouveaux compagnons d'armes.