Ici dans la région du Sud-Ouest, on est déjà en plein été depuis avril. L'arrivée prématurée de la saison des grandes chaleurs est l'occasion pour de nombreux citoyens d'épiloguer sur les raisons du changement climatique inattendu. Sur les terrasses de café (Béchar détient sans doute le record national du nombre de cafés), beaucoup tentent d'expliquer la forte canicule par la rigueur des conditions climatiques exceptionnelles de l'hiver dernier. A Béchar, la disette culturelle est illustrée par la rareté de l'animation culturelle justifiée par la chaleur torride qui émousse toute volonté tenace. Si les estivants du Nord riverains du littoral s'apprêtent à investir les plages, ici au contraire les gens se préparent à faire face, comme chaque année, à la même saison, aux dépenses inexorables et insupportables induites par les fortes charges sociales de l'été et de la rentrée scolaire qui suit. Au premier rang des préoccupations, la facture salée de l'électricité domestique due à l'utilisation indispensable et permanente en période d'été d'humidificateurs, le modeste salarié père de famille n'a d'autre choix que d'y laisser sa paie entièrement ou de rogner sur les dépenses de ménage pour régler au délai prévu les dépenses exorbitantes occasionnées par la consommation d'électricité. Les adolescents dans leur majorité ne connaissent le littoral qu'à travers des images diffusées par la télévision, ce qui accentue davantage les frustrations. Les piscines ? Il en existe en tout et pour tout une seule datant de l'époque coloniale pour une population majoritairement jeune frôlant les 160 000 âmes pour la seule commune de Béchar. On image alors l'ambiance qui règne dans cet unique espace de natation pris d'assaut dès son ouverture aux premières heures de la matinée. Un phénomène nouveau a récemment fait son apparition dans le milieu de la jeunesse. Faute de loisirs, les jeunes utilisent des engins motocycles dépourvus de silencieux donnant ainsi libre cours à leurs caprices ignorant les nuisances nocturnes que les échappements libres provoquent et qui deviennent insupportables pour les gens âgés terrassés par une harassante journée de labeur et affaiblis le soir après la canicule de la journée.