La mise à l'écart de plusieurs cadres supérieurs de Sonatrach intervenue le 21 juin dernier semble déranger énormément la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie de l'UGTA. Après un silence de plus de quinze jours, ladite fédération s'est déclaré « gênée » par la manière dont on a suspendu les cadres de la zone industrielle d'Arzew et ceux de plusieurs pôles industriels du groupe Sonatrach. « Nous avons appris l'information via la presse. Nous ignorons les dessous de cette affaire. Ce qui nous a dérangés, c'est la manière dont on a limogé ces cadres sans que le syndicat de groupe soit informé », nous a déclaré, hier, Bouabdelli Boulenouar, membre de la Fédération des pétroliers, en marge des travaux du séminaire sur la formation syndicale. Séminaire organisé au siège de la centrale syndicale, à Alger, en collaboration avec les syndicats français FNIC et CGT. Pour l'UGTA, selon notre interlocuteur, le dossier demeure toujours « flou », mais l'affaire sera suivie attentivement. Toutefois, la fédération, a-t-il affirmé, restera, pour le moment, convaincue que les cadres et les travailleurs écartés sont innocents. « Pour nous, ces travailleurs sont innocents. L'entreprise Sonatrach n'a pas besoin présentement de tels remous et troubles », a-t-il lancé. Pour rappel, ces cadres ont été remerciés en leur reprochant le fait d'« avoir octroyé un marché technique à une société qui a proposé l'offre la moins-disante, mais sans garantie ». Cette affaire serait rattachée à la soumission d'une société internationale (STI) pour l'obtention d'un marché de garnitures mécaniques (joints d'étanchéité) à la zone industrielle d'Arzew. C'est la première fois depuis l'annonce de l'affaire que l'UGTA, à travers la Fédération du secteur pétrolier, réagit. Le syndicat de Sonatrach s'est déclaré auparavant solidaire avec les cadres suspendus. Mais le nombre de personnes concernées par cette mise à l'écart demeure toujours inconnu. Alors que certaines sources évoquent le chiffre de 163 cadres écartés, le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, parle seulement d'une vingtaine. Cette affaire est liée directement, selon les syndicalistes de Sonatrach, à la mise en application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Sollicité, Bouabdelli Boulenouar déclare qu'« on ne peut juger cette loi avant de constater ses résultats ». « On souhaite que l'Algérie ne perde pas le contrôle de ses richesses », a-t-il ajouté. Les privatisations, selon Philippe Saunier, n'ont aucun aspect positif pour les travailleurs. Les multinationales qui pressent les gouvernements à aller à une privatisation massive des entreprises, notamment celles relevant du secteur pétrolier, sont intéressées uniquement par les finances. « Les multinationales ne s'intéressent pas au développement économique », a-t-il précisé. Pour Philippe Saunier, les travailleurs et les emplois sont toujours touchés par les privatisations. « Il n'y a jamais eu de privatisation sans compression d'effectifs et sans s'attaquer au statut des travailleurs », a-t-il renchéri. Et de souligner : « De notre expérience en France, ni les travailleurs ni les entreprises ne sortent indemnes des privatisations. »