Depuis l'annonce, en fin d'après-midi de mardi dernier par télécopie, de « la mise à l'écart des cadres supérieurs et cadres dirigeants de Sonatrach », et en l'absence d'information officielle, car seul le ministre de l'Energie semble jouir de cette prérogative, un malaise sans précédent s'est installé au sein de la zone industrielle d'Arzew. Tous les cadres contactés à propos de cette affaire ont été unanimes, sans aucun doute par crainte de représailles, pour s'abstenir de faire des déclarations officielles, mais dénoncent tous « la manière peu cavalière de leur mise au pilori avant même que la justice ne statue sur leurs prétendus dépassements ». Par ailleurs, des sources fiables avancent, avec toutes les précautions d'usage, « le chiffre de 164 cadres à des échelons variables de la hiérarchie de Sonatrach au niveau national qui sont touchés par cette mesure ». Pour la seule zone industrielle d'Arzew, les mêmes sources avancent le chiffre d'au moins 54 cadres écartés dont les noms circulent sur la place publique, un secret de Polichinelle à Arzew. D'ailleurs, des intérimaires ont été bel et bien désignés. » Ceci étant, même côté syndical, tous nos contacts, que ce soit au niveau de l'union territoriale UGTA d'Arzew, dont dépend la zone industrielle, ou au niveau de la Fédération nationale des travailleurs du gaz et de la pétrochimie (FNTGPC), non seulement nos interlocuteurs « avancent ne pas avoir été informés, mais pour ceux qui se sont aventurés à faire une déclaration sous le sceau de l'anonymat, ils se sont ravisés subitement ». L'on saura cependant, selon un membre de cette fédération, qu'une rencontre nationale, programmée depuis fort longtemps, se tiendra aujourd'hui à Alger concernant la Mutuelle de l'industrie du pétrole (MIP), pour débattre de la prime complémentaire de retraite (PCR). Mais, selon toujours le même interlocuteur, « les débats basculeront fatalement dans la question des cadres limogés » et dont « la liste nominative des cadres ciblés a été finalisée depuis le 2 juin dernier ». Dans le même contexte, ajoutera notre source, « les cadres innocents et ceux qui n'ont rien à voir avec les dépassements ne seront pas lâchés », contrairement à ce qui a été avancé auparavant (?). Par ailleurs, les supputations et les lectures des uns et des autres, et au-delà des chiffres et du nombre réel, tout le monde s'accorde à dire au sein de la zone industrielle d'Arzew que non seulement « ce précédent engendrera fatalement une répulsion vis-à-vis des postes de responsabilité auprès des cadres du secteur », mais « discréditera, si ce n'est déjà fait, les cadres dirigeants écartés, qu'aucune réhabilitation ne pourra plus jamais absoudre de tout soupçon ». Toujours est-il que cette affaire, selon de nombreux spécialistes du secteur des hydrocarbures, n'a pas vraiment livré tous ses secrets.