La ville de Tamanrasset, à 2000 km au sud d'Alger, connaît depuis trois jours une vague de protestations nourrie par « la malvie, le chômage et les distributions de logements jugées inégales », selon des sources locales. D'autres sources évoquent une contestation née du « manque de prise en charge et du déficit de présence des autorités locales » après les dernières intempéries qui ont touché la région. Des jeunes en colère auraient ainsi exigé de rencontrer le wali de Tamanrasset, en vain. Ce dernier serait en congé depuis plusieurs jours. Son absence aurait exacerbé la colère des manifestants qui se sont rendus au siège de la wilaya formant une marche de protestation. Selon des sources locales, une bonne partie du siège de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) a été incendiée avant-hier, ainsi que les sièges des directions des moudjahidine, de la jeunesse et des sports, du commerce et du transport. Le même sort a touché le siège de la Sonarem (direction des mines) et le bureau de la main-d'œuvre. Un véhicule de l'ENOR (société chargée des mines d'or du Hoggar) aurait été brûlé et un autre subtilisé, selon des sources de la wilaya. Le matériel de la direction de la réglementation et de l'administration générale (DRAG) aurait été saccagé également. Des commerces du centre-ville, du côté de la place du 1er Novembre, ont été saccagés, avancent nos sources. « Lundi, Tam semblait sous état de siège. Presque plus de circulation dans les routes de la ville et grande tension », ajoutent nos sources. Contacté hier, un élément de la police de la capitale de l'Ahaggar a indiqué que « la situation est relativement maîtrisée ». « Cela bouge toujours. De l'extérieur de la ville, on aperçoit beaucoup de fumée. Des habitants de Tam-centre nous ont déconseillé de nous y rendre », a témoigné hier au téléphone le gérant d'un camping à la sortie de Tamanrasset. « Cet après-midi, un incendie s'est déclaré dans le grand marché », poursuit-il. « Certains ont tenté lundi de s'attaquer au marché (site de la Foire de l'Assihar), mais les commerçants les en ont dissuadés », a indiqué un fonctionnaire de la cellule de communication de la wilaya de Tamanrasset, contacté au téléphone. Le fonctionnaire évoque des « enfants, et non des jeunes, qui ont brûlé lundi un centre commercial ». Les négociations entamées par des membres de l'APC, de l'APW et quelques notables locaux n'auraient pas encore abouti. Développements à suivre. Des émeutes qui viennent après celle de Béchar début juillet dans le Sud-Ouest algérien suite aux coupures électriques, celle de Menia (Constantine) à la même période où les habitants ont protesté contre l'importante fréquence des accidents mortels de la route. A rappeler également les émeutes de Djanet fin juin, lorsque la population a condamné le manque de prise en charge par les autorités après les intempéries qui ont causé d'importants dégâts dans la région du Tassili.