Le phénomène de l'immigration clandestine prend une allure inquiétante, mais surtout menaçante pour la sécurité du pays. 3234 immigrés clandestins ont été arrêtés par la Gendarmerie nationale durant le premier semestre 2005 sur les bandes frontalières du Sud algérien. 53 femmes y figurent, comme l'indique le bilan de six mois d'activité établi par la même institution. Selon le bilan, 815 personnes ont été écrouées. 175 autres individus ont été libérés, alors que le reste, soit 2244, a été refoulé. Au-delà des chiffres déjà effarants, il y a l'intrigante présence, dans le lot, d'individus de nationalités si lointaines du continent noir : pakistanaise, syrienne et indienne. Depuis le début de 2005, 316 Asiatiques ont tenté de fouler le sol algérien par voie irrégulière, avant qu'ils ne tombent dans la « nasse » des gardes frontières. En tout, 136 Syriens, 88 Indiens, 51 Bangladais et 41 Pakistanais ont été arrêtés dans le désert algérien par les vigiles des frontières. Cela peut paraître, pour beaucoup, comme un simple fait insolite. Un nuage d'été. Mais d'un point de vue purement sécuritaire, la capture, de janvier à juin 2005, d'un tel nombre d'Asiatiques tentant de rejoindre sans doute le nord du pays, surtout qu'il y a pour la première fois des Pakistanais, ne peut que conforter l'approche selon laquelle les filières criminelles liées au trafic en tous genres - qui ne peut être dissocié de l'activité terroriste - semblent s'entêter à vouloir prendre racine au Maghreb. Outre les Asiatiques, les Africains envahissent de plus en plus le pays. En premier lieu les pays les plus proches des frontières sud. 1521 Nigériens et 674 Maliens ont été arrêtés durant le premier semestre 2005. L'Algérie est sans nul doute devenue terre « réceptive » d'immigrés clandestins qui souvent versent dans le trafic et intègrent les réseaux de contrebande. La pauvreté frappant les pays subsahariens demeure l'une des raisons aggravant ce phénomène. Mais les filières qui s'adonnent aux activités criminelles y sont pour beaucoup. Surtout que ces « haragas » (sans-papiers) se font introduire clandestinement par des fins connaisseurs du désert, qui empruntent souvent les chemins détournés. La lutte frontale que mène la Gendarmerie nationale depuis quelques années pour résorber ce phénomène demeure insuffisante, surtout lorsqu'il y a absence de coopération avec les pays voisins et d'assistance matérielle - si nécessaire - de l'Europe. Le Vieux Continent subit en dernier lieu l'immigration clandestine en ce sens qu'il constitue la dernière étape de l'aventure. Les pays voisins de l'Algérie sont eux aussi exportateurs d'immigrés clandestins. Il y a en effet 189 Marocains, 48 Tunisiens et 20 Libyens arrêtés depuis le début de l'année par les gardes frontières algériens. C'est dire que l'Algérie se retrouve seule face à un défi majeur qui concerne aussi bien la sécurité du Maghreb que les grands équilibres de l'Europe. Considérée comme le premier pays maghrébin transitaire de l'immigration clandestine, l'Algérie n'a pas bénéficié de l'apport européen équivalent au vu de l'importance des flux migratoires auxquels elle est confrontée au quotidien. Déjà pour refouler un clandestin, les services de sécurité, principalement la Gendarmerie nationale, mobilisent des moyens énormes, surtout lorsqu'il s'agit d'individus venant de pays lointains (Asie, Proche-Orient). Il faut dire que le Maroc, en revanche, a bénéficié de l'Union européenne du matériel nécessaire pour la surveillance technique de ses frontières, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie. En dépit de cette passivité européenne à s'engager pleinement dans la lutte contre ce phénomène, les efforts de l'Algérie vont dans le bon sens. Depuis quelques mois, la Gendarmerie nationale utilise au niveau de Tamanrasset des appareils de contrôle biométrique, ce qui facilite la reconnaissance des récidivistes.