La gendarmerie nationale a arrêté, le 5 février, 39 immigrés clandestins sur les bandes frontalières de trois wilayas du pays. Six Nigériens à Tamanrasset, 15 Bangladais et 18 Indiens à Adrar (au sud du pays). La veille, un Béninois s'est fait arrêter dans la ville d'Oran, plus exactement à Tafraoui, en situation irrégulière. Ces sans-papiers, qui franchissent la frontière algérienne en risquant leur vie, ont été ensuite présentés aux procureurs de la République territorialement compétents. Procédure suivie avant qu'ils ne soient reconduits à la frontière pour regagner leur pays. Mais certainement, ces gens ne resteront que le temps d'amasser un peu d'argent pour reprendre le chemin de l'aventure, à la conquête de terres plus clémentes. C'est impressionnant et inquiétant. Face à un flux migratoire venant d'Afrique noire mais aussi d'autres patries lointaines, comme l'illustrent bien les nationalités bangladaise et indienne qui figurent cette fois-ci dans le lot, la gendarmerie nationale ne cesse d'enregistrer des chiffres éloquents. Rien qu'au mois d'octobre 2004, 950 arrestations ont été opérées. Durant la première semaine de novembre 2004, 60 personnes ont été refoulées par les gardes-frontières. Le gros provient du Mali, du Niger et du Nigeria. Mais d'autres nationalités parsèment les voies détournées du grand Sud dans l'espoir de décrocher un jour le sésame qui leur permettra de rejoindre le vieux continent. Les chemins sont multiples, les passeurs aussi. Le nombre important d'immigrés, qui tentent quotidiennement de fouler le sol algérien sans passer par la voie réglementaire, confirme qu'il y a plusieurs filières qui se font du beurre en s'adonnant à l'activité de passeur. L'axe Oran-Maghnia via Aïn Témouchent est très prisé par ceux qui visent le Maroc ou vice-versa. La bande frontalière de Nâama enregistre, de son côté, un flux impressionnant. En octobre 2004, 52 Marocains sont tombés, dans cette wilaya, dans la nasse des gardes-frontières alors qu'ils tentaient de monter vers le Nord. Mais les wilayas de l'extrême Sud demeurent la plaque tournante de ce trafic migratoire. Avant de s'installer momentanément au nord du pays, ces « harraga » de tout bord font un long trajet qui commence toujours du fin fond du désert et qui finirait peut-être dans un pays européen. La gendarmerie nationale, première institution qui s'est engagée dans la lutte contre ce phénomène qui inquiète même les Européens, a donné plusieurs fois l'alerte. Déjà en 2003, 11 197 immigrés clandestins de 48 nationalités africaines ont été arrêtés. Le poste frontalier d'In Guezzem (Niger) et celui de Tin Zaouatine (Mali) sont propulsés à la première place avec plus de 6000 clandestins refoulés. Aux yeux de ces gens, l'Algérie constitue un point d'accès vers l'Europe, donc point d'attraction des régions déshéritées. L'immigration clandestine en provenance d'Afrique subsaharienne converge vers les wilayas d'Adrar, d'El Oued et de Tamanrasset, premier point de transit.