La grande affluence s'opère toujours à Bab Sebt, croisement pour toutes les directions et lieu où l'on épie le mieux son prochain et où l'on se tient à jour de tout ce qui fait l'actualité, pas nécessairement politique. Eté, farniente, chaleur, ennui... Blida est une ville de l'intérieur qui n' y échappe pas aussi, mais c'est également une ville aux boulevards verdoyants, du moins pour son centre. Les bigaradiers et le gazon au boulevard Larbi Tebessi imposent l'arrêt, la curiosité ; l'endroit permet de « voir » et d'exposer ses muscles, sa mécanique ou son dernier vêtement made in. Les nombreux « nids » de regroupement autorisent s'ils n'imposent pas- la discussion sur ou autour d'un thème d'actualité ou -et certains le font très bien- suscitent un débat. Le boulevard, long de 400 m, à deux voies de sens opposés, n'est jamais vide de circulation. Le jour, c'est un passage quasiment obligé de l'axe nord-sud et pour tous ceux qui ont une affaire en ville avec des embouteillages mettant les nerfs à fleur de peau. Le soir, avec l'arrivée de la fraîcheur, l'espace est accaparé par ceux -et jamais celles dans cette société machiste et fière de l'être- qui fuient la chaleur de la maison, par ceux qui se donnent rendez-vous après le dîner, par ceux qui disent qu'enfin la ville est aux autochtones. Bab Sebt : le croisement La grande affluence s'opère toujours à Bab Sebt, croisement pour toutes les directions et lieu où l'on épie le mieux son prochain et où l'on se tient à jour de tout ce qui fait l'actualité, pas nécessairement politique. Allant à, ou provenant de Bab Zaouia, Bab El Khouikha et Kouchette El Djir (noms nostalgiques d'un passé pas si lointain), ces gens débouchent à pied, à bicyclette, à motocyclette ou en voiture pour former les grappes d'un long pied de vigne. Les trottoirs sont squattés par une catégorie de personnes de plus en plus en mal de repères, de statut et qui trouve un dérivatif dangereux dans la consommation de boissons alcoolisées et de drogues sous ses différents aspects. Comme par hasard, le trottoir débouche sur le commencement des vieux quartiers de Blida où pullulent les revendeurs de barbituriques. Douze grands îlots verdoyants - par la grâce et la volonté d'un président d'Apc versé dans la botanique - permettent à ces personnes, avec la disparition de la murette de fer forgé, de donner libre cours à une consommation clochardisée de bière en canettes et en petites bouteilles que les hommes du service de nettoyage ramassent tôt le matin en maugréant. suprématie de Novelty Ce besoin d'étancher une soif et une colère ne va pas sans celui de vider une vessie qu'un bâtiment en ruine subit dans l'immédiat et au grand désespoir de riverains forcés par la saison à ouvrir portes et fenêtres et devant, immanquablement, se voir titiller les narines par des senteurs loin d'évoquer « Blida l'ourida ». Le versant opposé comprend pas moins de 23 îlots d'« intimité » que des revendeurs de cacahuètes, de cigarettes, de glaces et autres boissons accaparent et se les disputent aux simples citoyens sortis prendre l'air ou se rencontrer pour discuter après une journée de « travail » ou une journée passée au bord de la mer. La palme du haut débit, dans le rire ou l'injure, revient quotidiennement aux « quatre coins » de Bab Sebt avec une légère suprématie pour l'espace Novelty. Les rondes, un peu trop indiscrètes, de la police permettent de penser que l'été 2004 passera sans trop de casse, mais avec un ennui persistant dans un lieu nommé par certains « djeninette » - petits jardins à la blidéenne - pendant que d'autres personnes affublent le lieu de tberna, taverne à ciel ouvert.