Après Sougueur, Chellala et Tiaret, voilà venu le tour de la ville de Frenda, à 50 km à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Tiaret, d'être fourvoyée dans la turbulence. Frenda et ses 60 000 habitants vivent, depuis hier matin, sous l'effet d'un mécontentement populaire, jusque-là latent, car tirant ses origines, comme partout ailleurs, « de la marginalisation, du chômage, des problèmes d'eau » et surtout d'un manque de perspectives, disent les protestataires. Ces derniers, des dizaines de jeunes, avaient, dès l'ouverture des bureaux de l'APC, à majorité FLN, bloqué les issues tout en étant « décidés à faire grève de la faim si les autorités locales, à leur tête le wali, ne viennent pas parlementer avec eux autour de leurs préoccupations ». La détermination semblait à l'égale du trop-plein de rancœur accumulée tout au long de ces dernières années et autant par ce dédain affiché à leur endroit par certains responsables. Frenda, troisième commune en importance, après Sougueur et Tiaret, reste, ce n'est pas un secret, une région laminée par la misère, et sa population, notamment les jeunes, n'entrevoit pas l'avenir avec sérénité, car aucun projet structurant, encore moins un projet de développement, ne sont venus atténuer les lourdes appréhensions dans une contrée qui n'a pas été gâtée par la nature et que le terrorisme a fini par agenouiller. L'une des rares usines ayant survécu au plan d'ajustement structurel, Mahira, spécialisée dans la fabrique de chaussures de très bonne qualité, n'assure plus les salaires aux centaines d'employés, condamnés, pour certains, à mendier, car aux promesses d'une liquidation qui ne léserait pas leur droit, aucune autre mesure n'est venue là aussi apaiser la tension, encore moins ce sentiment d'abandon. Il y a deux jours, les représentants d'un populeux quartier de Frenda sont venus, lettre à l'appui, se plaindre des restrictions, pour ne pas dire de l'absence d'eau, mais surtout des agissements de leur chef de daïra qui n'aurait pas fait preuve de tact avec eux. Hier matin, en compagnie de confrères, celui-ci sollicité, s'est refusé à livrer ses impressions concernant ce tumulte en donnant rendez-vous... pour plus tard. En l'absence du maire, parti en congé, c'est un adjoint qui a tenté une explication, peu convaincante du reste, en disant « avoir essayé vainement d'ouvrir un dialogue avec les protestataires ». Mais le pourra-t-il quand on sait, par ailleurs, l'autre conflit, tout aussi latent, qui couve dans les travées de l'Assemblée concernant les nombreux dépassements liés à l'habitat rural, au logement LSP, à la reconversion d'édicules en kiosques-drogueries qui ont beaucoup mécontenté la population et que seul le graffiti s'est chargé pour l'instant de répercuter sur les murs sales de la ville ? Une ville où même la décharge publique aurait été cédée à un particulier en dépit des lois et textes en vigueur. On vous l'aura dit, l'été 2005 risque d'être encore plus chaud. Au propre comme au figuré, à moins que quelque part il y ait de ces solutions miracles expurgées de leurs relents populistes et démagogiques qui ne font plus recettes.