Des familles et des couples avancent d'un pas nonchalant autour des manèges et des différents endroits de ce vaste parc. « L'entrée est interdite aux jeunes non accompagnés à partir de 19h, ce qui nous garantie une certaine tranquillité », explique le gérant, Omar Baziz. La sécurité et le bien-être des familles font partie intégrante de la politique de gestion de cette société familiale. « Le parc possède une assurance tous risques, cela nous atteste une certaine garantie. Nous privilégions avant tout la sécurité des familles », poursuit-il. Inauguré en avril 2003, les portes de Dream Park sont ouvertes tous les jours de l'année. Seuls les horaires changent : de 11h à 21h en hiver et de 14h à minuit en été. « Vous savez, à Kiev, les températures sont en moyenne de -20°c en hiver, cela n'empêche pas les gens de fréquenter les parcs d'attractions, bien au contraire. Cela relève de l'ordre du phénomène culturel. Pourquoi les Algériens n'auraient pas le droit d'en faire autant, alors que nos températures hivernales sont bien plus clémentes ? », précise le responsable. Comment expliquer alors l'absence de publicité et de communication ? Une volonté personnelle du gérant. Une réduction de 40% est octroyée aux associations et aux écoles. Cela favoriserait, selon le responsable, le bouche à oreille, en plus d'une démarche commerciale qui est, elle-même, le fruit d'une aspiration à une certaine égalité sociale. « Mon but n'est pas de devenir milliardaire. Au moment de la création du parc, nous souhaitions proposer un lieu de détente et de divertissement aux familles algériennes. Je pense qu'il n'y a pas assez de sites de ce type dans le pays. A vrai dire, il n'existe presque plus d'endroits où sortir en famille et qui nous garantisse une certaine sérénité », confie Omar. Permettre aux visiteurs de se reposer et de se divertir loin du stress quotidien, tel est le but recherché par ce gérant qui semble prendre à cœur cette mission. La suppression de musique sur le site serait expliquée par ce désir de nouer avec une atmosphère moins surexcitée. « A l'ouverture du parc, il y avait de la musique. Après le séisme, et par respect aux familles des victimes, nous avons préféré arrêter la diffusion pendant près d'un mois. Au moment où nous avons voulu rediffuser de la musique, les clients ont exprimé leur désir de silence, préférant une ambiance plus calme, favorisant la relaxation et le repos. Nous avons respecté cette demande. Si demain cette demande allait dans le sens contraire, nous nous y conformerons », ajoute le responsable de cette espace ludique. L'affluence est plutôt appréciable pour un lundi soir. Le parc enregistre en moyenne 250 000 visiteurs par an, selon les chiffres fournis par Omar. Un projet d'agrandissement est en cours. Une demande de terrain, déposée à la wilaya il y a plus d'une année et demie, est toujours à l'étude. « Nous ne recevons aucun soutien des autorités. C'est vraiment malheureux. On nous explique qu'il n'y a pas de terrain disponible pour le moment. Il faut dire que les problèmes actuels liés aux affaires agricoles ne nous facilitent pas la tâche. On se dit quand même Hamdoulillah », lâche un peu fataliste Omar qui éprouve un sentiment de délaissement.Mais Dream Parc ne semble pas baisser les bras pour autant. Un projet aquatique devrait voir le jour d'ici mi-août. Le manège en question serait le premier de fabrication algérienne, c'est-à-dire hors de l'UE et des Etats-Unis d'Amérique. Le gérant semble d'ailleurs particulièrement fier de ce détail. Les 4 ha de terrain comportent 19 manèges opérationnels, 6 restaurants-snacs et 2 sites réservés à la prière (un pour les hommes, un autre pour les femmes). Lotfi, la trentaine, amputé des deux jambes, propose dans son stand des objets artisanaux et des « harkous ». Cet art de tradition marocaine rencontre un fort succès, surtout auprès des plus jeunes qui attendent leur tour en file indienne. La plupart des manèges existent en double. Un à taille réelle, destiné aux adultes, et un autre à taille réduite pour les enfants. Ce résultat illustre une volonté de satisfaire les désirs des plus petits, souhaitant souvent imiter leurs aînés, tout en préservant leur sécurité. La nuit est tombée sur Alger. Le calme est toujours présent, comme imperturbable, malgré les manèges qui continuent à tourner et les lumières qui clignotent. Seuls certains cris d'enfants et de jeunes qui semblent s'oublier, embarqués dans la frénésie du jeu, confirment que nous sommes bien dans un parc d'attractions.