Sur les trois millions d'hectares que compte l'Algérie en superficie forestière, une moyenne de 30 000 hectares a été dévastée ces trois dernières années. Le responsable de l'information à la direction générale de la Protection civile, M. Medjekane, a déclaré, hier lors d'une entrevue au siège de la direction générale de la Protection civile, que les pertes recensées jusqu'à maintenant s'élèvent à 2033 hectares de maquis forestier, 115 hectares de récoltes et 1220 palmiers. Durant la saison en cours, la Protection civile a dû installer ses onze colonnes mobiles dès le 1er juillet à cause du déclenchement précoce des incendies. « La bonne pluviométrie de cette saison a vite fait régénérer une grande surface végétale. Aussi, le massif forestier est devenu important », a expliqué le responsable de l'information. A l'est du pays, les colonnes mobiles couvrent les wilayas d'El Tarf, Guelma, Khenchela, Batna, Béjaïa et Bouira, tandis que les wilayas surveillées à l'Ouest sont Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Tiaret, Mascara et Chlef. Notre interlocuteur indique qu'une unité nationale est mise en place pour assister les wilayas limitrophes et intervenir en cas d'incendie majeur. La colonne mobile est composée de 60 éléments et dotée de 12 engins, de véhicules légers et d'une ambulance médicale pour le transfert des blessés. M. Medjekane ajoute la disponibilité de 2 avions légers qui opèrent à Mascara et à Béjaïa et dont la mission réside dans la surveillance et la transmission des informations. Des hélicoptères sont également chargés de transporter les troupes de la Protection civile et d'assister les blessés. Pour ce qui des contraintes opérationnelles, notre source déplore le manque de voies carrossables et l'éloignement des points d'eau. « La première intervention incombe aux éléments de la conservation des forêts qui semblent limités en moyens », avoue le responsable de l'information. Sur ce volet, il convient de rappeler que le directeur général de la Protection civile a cité, dans un entretien paru avant-hier à l'APS, les difficultés rencontrées par ses services, liées particulièrement à la « défaillance » des autres secteurs impliqués dans la protection des forêts, « dont les conservations des forêts et les communes, pour manque de moyens humains et matériels ». A la question de savoir s'il n'y a pas nécessité de recourir aux moyens de lutte aériens, M. Medjekane, qui se réfère aux explications des spécialistes, souligne que la cartographie forestière de l'Algérie ne facilite pas la tâche des canadairs. En outre, continue-t-il, les avions légers appellent le renforcement des réserves d'eau pour un approvisionnement soutenu. Autre inconvénient : l'acquisition des escadrons aériens pose le problème de leur maintenance. Ainsi, conclut M. Medjekane, « il n'y a pas nécessité d'opter pour ce moyen ». Pourtant, notre interlocuteur annonce que 15 appareils antiacridiens ont été reconvertis par la direction générale des forêts pour l'extinction des feux. Pour le moment, la priorité pour la Protection civile semble le renforcement du nombre d'engins et l'effectif humain. « La surveillance efficace suffit dans cette lutte », dira le responsable de l'information en insistant sur la prévention et la sensibilisation. Ainsi, lutter contre les incendies, c'est, d'abord, débroussailler les herbes sèches, se débarrasser des décharges sauvages et avoir le sens de civisme et d'amour envers la forêt. Par ailleurs, le bilan établi hier matin par la Protection civile fait état de 9 incendies en cours. Sétif, Tissemsilt et Médéa avec 2 foyers de feu chacune, Jijel, Tlemcen et Béjaïa avec 1 incendie chacune. M. Medjekane, qui se dit très satisfait des résultats enregistrés, ne cache pas son appréhension quant au spectre de la progression des incendies fin août et durant le mois de septembre à cause des vents.