L'organisation d'Al Qaîda en Irak a annoncé hier, sur internet, avoir tué Ali Belaroussi, 62 ans, chargé d'affaires à l'ambassade d'Algérie à Baghdad, et Azzedine Belkadi, 47 ans, attaché diplomatique. « Vos frères dans la branche militaire de l'organisation Al Qaîda en Mésopotamie (Irak) ont procédé mercredi 27 juillet à l'application du verdict du tribunal islamique (...). Le président de la mission diplomatique algérienne Ali Belaroussi et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi ont été ainsi tués », indique un communiqué, dont l'authenticité n'est pas vérifiée, mis en ligne sur un site fréquemment utilisé par Al Qaîda. Le groupe d'Al Zarqaoui, chef d'Al Qaîda en Irak, a justifié cet assassinat par la non-application par l'Algérie de la charia, « le soutien aux juifs et aux chrétiens » en Irak et « l'effusion du sang des musulmans » en Algérie. « Ce sont deux émissaires de l'Etat algérien, qui n'applique pas la charia et qui s'est allié aux juifs et aux chrétiens. Il les a envoyés pour soutenir les bases des juifs et des chrétiens en Mésopotamie (...). Nous n'oublierons jamais l'effusion du sang des musulmans, les meurtres et les destructions » en Algérie. Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi ont été enlevés jeudi 21 juillet au quartier Al Mansour, dans la capitale irakienne, à 200 m du siège de l'ambassade d'Algérie en Irak. Samedi 23 juillet, le groupe Al Zarqaoui a revendiqué le rapt sur internet avant d'être « félicité » par le GSPC le lendemain. Les auteurs du communiqué d'hier avancent que Azzedine Belkadi, qui venait de prendre ses fonctions à Baghdad, était membre des services de renseignement algérien, promu « du titre de lieutenant à celui de capitaine ». Le diplomate natif de Béjaïa est accusé d'« avoir participé aux massacres de Raïs et Bentalha (en 1997), qui ont fait des centaines de victimes parmi les enfants du peuple musulman algérien et qui ont été alors attribués aux moudjahidine ». Une reprise du communiqué publié mardi 26 juillet sur un site du GSPC appelant les ravisseurs à interroger les deux diplomates. Ali Belaroussi, qui devait prendre sa retraite en septembre 2005 après vingt ans de carrière, a été qualifié par le message du GSPC de « nationaliste hostile à l'édification d'un Etat islamique ». La branche irakienne d'Al Qaîda avait annoncé, mardi 26 juillet sur internet, dans un communiqué daté de la veille, que son « tribunal islamique » avait condamné à mort les deux Algériens. Condamnation suivie le même jour par la diffusion sur internet d'une courte vidéo montrant les deux otages, yeux bandés, décliner leur identité, fonction et adresse en Algérie. Le ministre d'Etat Abdelaziz Belkhadem avait déclaré, mardi 26 juillet sur les ondes de la Radio nationale, que les autorités algériennes ont déployé « tous les moyens pour récupérer sains et saufs » Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi. « L'Algérie escompte un éveil des consciences et un sursaut d'humanité sur la terre tourmentée de l'Irak pour que le sang noble de deux ressortissants algériens ne soit pas arbitrairement et illégitimement versé », avait indiqué le commentaire de l'APS le soir du mardi 26 juillet. L'Algérie a rapatrié lundi vers Amman puis Alger son dernier diplomate à Baghdad, Bachir Belhadj. L'épouse de Ali Belaroussi est restée pour sa part dans la capitale jordanienne. Lundi 25 juillet, un haut responsable du ministère de l'Intérieur irakien a indiqué que deux suspects liés au rapt des deux diplomates ont été arrêtés. Sans autre précision depuis. « Ce qui vous touche nous touche », a témoigné hier au téléphone Mazen Ismaïl Aramadhani, professeur de sciences politiques à l'université Annahrayn de Baghdad. « Mes collègues à l'université, mes amis et connaissances sommes profondément attristés et chagrinés par cette affaire de rapt. Ces diplomates sont nos frères ! », a-t-il dit. « Nous traversons une étape de transition. Scientifiquement, les étapes de transition sont comme des labyrinthes. Les rues de Baghdad sont devenues des labyrinthes », a ajouté Mazen.