La surface agricole se retrécit chaque jour un peu plus avec « l'invasion du béton » à Boumerdès. A telle enseigne que les élus à l'APW se sont opposés dernièrement à la réalisation de quatre projets de construction de logements à Boumerdès, Boudouaou, Si Mustapha et Bordj Menaïel. Une commission de l'assemblée chargée d'enquêter sur ce dossier révèle que « 122 ha de terres agricoles ont été utilisés pour la reconstruction au profit des sinistrés, tandis que 300 autres hectares avaient été amputés à la surface agricole utile pour servir de site de chalets après le séisme du 21 mai 2003 ». Ce qui a ramené à 65 333 ha la surface agricole de la wilaya. L'APW révèle que 29,20 ha viennent d'être proposés pour accueillir 2500 logements prévus dans le programme quinquennal 2005-2009. Ce qui inquiète les défenseurs de la vocation agricole de la wilaya de Boumerdès, c'est le fait que « la majorité de ces projets sont proposés en dehors du périmètre de développement urbain (PDAU) ». « 14 ha sur les 29 convoités dans le cadre de ce programme sont situés hors des villes », lit-on dans un document de l'APW. Si les projets de Boudouaou (140 logts), Si Mustapha (50), Bordj Menaïel (210) et Boumerdès (210) sont refusés, c'est à cause de la qualité des assiettes convoitées d'une très haute valeur agricole, et de leur situation en dehors des villes, rapporte le même document. Cependant pour les autres terrains, de « moindre importance pour l'agriculture », les élus ont donné leur accord. C'est le cas notamment de Tidjelabine, de Khemis El Khechna, de Corso, de Beni Amrane, de Thénia et de Zemmouri. Avec l'opposition des élus à l'APW à l'usage de terres agricoles dans la construction, c'est tout un débat qui est lancé. Faut-il arrêter l'extension des villes ? Est-il possible de diminuer au moins l'exode rural quand on sait que la tendance est indéniablement à la sédentarisation ? Le wali de Boumerdès a lui-même émis « des réserves » quant à la proposition d'aller constuire à la campagne. Le dilemme que vivent les autorités de la wilaya met la préservation des terres agricoles d'un côté et l'obligation de constuire d'un autre. Que faire ? Surtout si l'on sait que le projet de construction d'un hôpital à Boumerdès se trouve bloqué depuis deux ans pour les mêmes raisons. Des élus à l'APC des Issers nous ont confié : « Pour construire, il faudra absolument sortir de l'espace urbain actuel. » « Nous avons déjà introduit des demandes d'extension de la ville vers le sud-est, en allant vers Chabet, les terres sont agricoles de ce côté-ci, mais c'est une fatalité, le périmètre urbain est saturé. » L'APW quant à elle insiste sur la préservation des terres agricoles et recommande de réfléchir à un plan de développement en dehors de ces espaces d'une grande valeur au lieu de céder à la facilité. Elle réclame également l'élaboration d'un calendrier pour récupérer les assiettes qu'occupent les sites de chalets.