Entrées en compétition en ouverture du 38e Festival du théâtre amateur de Mostaganem, El mout oua el houb de la troupe Nawaress de Bougara et Kouri.com de l'Association théâtrale de Baraki s'offrent deux grosses pointures du patrimoine culturel et théâtral arabe pour dire leur option. Tewfik El Hakim, pour la première, et Nabil Badran, pour la seconde, seront les aèdes de ces deux associations dans l'acte de « jouer » son présent. Les deux contenus des œuvres proposées ne sont pas nourris à la même veine, mais nous sommes dans le théâtre de l'humain. Tout est construit autour de lui et tout s'enclenche à partir de lui. El mout oua el houb met aux prises trois destinées contradictoires, mais surtout une seule et unique quête de soi. Kouri.com qui vient en seconde partie de la soirée inscrit sa thématique sur le théâtre de la parabole dans sa déclinaison animalière, mais là aussi, l'auteur-adaptateur insiste sur l'humain, plus exactement sur la partie de l'humain dans tous les événements qui l'entourent. C'est là, la première grande indication à tirer des deux représentations offertes au public de la salle Bleue de la maison de la culture Ould Abderrahmène Kaki. Une indication qui peut vouloir dire que le mouvement amateur n'éprouve plus aucune espèce de complexe à aller puiser son inspiration et ses matériaux artistiques dans le patrimoine mondial. Un choix fructueux qui ne peut que nous concilier avec tout ce que l'humanité a « dans son versant arabe », produit de mieux. De consistant. D'éternel. Cependant, beaucoup de réserves peuvent être émises au sujet précisément de ces deux produits théâtraux mentionnés au programme de la rencontre annuelle de Mostaganem. Ces réserves concernent principalement « les lectures » faites par les collectifs théâtraux nationaux aux œuvres étrangères. En effet, chez Nawaress de Bougara et l'Association de Baraki, il y a comme un saucissonnage du contenu originel. On prend ce qui nous intéresse du texte, mais on ne fait que peu cas de la configuration interne de ce texte. La destruction-restructuration n'est pas toujours heureuse, et nous assistons à des travaux bien partis pour être mal achevés. Pourtant la fougue des comédiens n'est jamais prise à défaut. Ils se dépensent énormément sur scène et éprouvent visiblement du plaisir à jouer leur rôle. « Le psychopathe » de la pièce El mout oua el houb possède indéniablement la graine du comédien à interpréter les grands genres théâtraux, mais ils est prisonnier dès le départ d'un texte en discontinu. La même remarque est valable pour le comédien qui interprète le rôle de l'âme de Djeha dans Kouri.com. La bride est partout présente sauf quant il s'agit de faire appel aux éléments scénographiques et musicaux, et là nous sommes dans l'overdose pour ne pas dire le « collage » intempestif, un péché mignon qui a tendance à se répéter, notamment avec l'introduction de l'image vidéo sur scène. Un choix esthétique pas toujours efficace et qui, a contrario, peut être dommageable à l'évolution du spectacle, principalement à la procuration de l'émotion. Chez Nawaress de Bougara et l'Association Baraki, la pâte, la bonne pâte existe... C'est peut-être la canalisation du trop-plein d'enthousiasme qui manque un peu, et cela peut se régler pour peu qu'on prenne plus de temps à évoluer sur le terroir de Tewfik El Hakim et Nabil Badran.Ils nous appartiennent certes, mais ils sont - ils ont été - les produits de leurs univers respectifs. S 'imprégner plus de cet univers, c'est garantir en grande partie cette imprunt et surtout l'enrichir... Et pas nécessairement en abus de tics ou en images filmiques animées.