Comment peut-on vivre dans un territoire minuscule, surpeuplé et en proie à la guerre ? Le livre du journaliste Hervé Kempf et du photographe Jérôme Equer se propose d'y répondre. Une plongée en apnée. Il faut avoir les nerfs solides pour aller au bout du reportage, assister impuissant au quotidien à Ghaza. Aucune ville au monde ne ressemble à Ghaza. Une prison à ciel ouvert. La plus grande prison au monde. « Le dernier soldat à qui nous donnons notre laissez-passer porte un bonnet de laine. Il y a beaucoup d'Arabes de l'autre côté vous savez ? Ils ne sont pas aussi gentils que nous, allez, bonne journée. » L'autre côté, c'est Ghaza. Hervé Kempf, journaliste au quotidien français Le Monde, et Jérôme Equer se sont rendus quatre fois à Ghaza en 2004. Ces séjours, tant du côté palestinien que celui des colons israéliens, sont racontés d'une manière très simple. Le récit et les photos se veulent accessibles pour saisir cette réalité quotidienne. Ni dirigeant ni analyse, place au reportage. Les témoignages sont saisissants, quelquefois asphyxiants. « Qu'ai-je fait pour subir tous ces malheurs ? J'ai travaillé tout ce temps en Israël pour construire cette maison. Et en une journée, plus de maison. Perdre deux enfants, c'est plus facile que de perdre ma maison. Mon fils, je vais pleurer sur lui, je l'enterrerai, mais ma maison ? C'est un martyr, mais la maison ? On va tous mourir, par balle ou dans un accident de voiture, mais la maison ? J'ai acheté 600 m2 pour 15 000 dollars, j'ai bâti ma maison pour 60 000 dollars, je l'ai enregistrée, j'ai le permis, j'ai payé toutes ces procédures 8000 shekels. Que Sharon se débrouille avec la municipalité, qu'il me rende la maison », affirme un père de famille. A Ghaza, il faut faire sans cesse des efforts pour ne pas haïr, pour ne pas perdre son humanité. A Ghaza, il y a les Arabes et les colons. Les Palestiniens attendent un Etat pour exister. 2004 a été une année très éprouvante, la seconde Intifadha se voit sur les immeubles, sur les visages et même dans l'air. Le fossé entre les colons et les Palestiniens n'a jamais été aussi abyssal. La vie en cage n'est pas une vie humaine. Ni même animale. Les Palestiniens continuent de payer pour le plus grand crime de l'histoire. Un crime qu'ils n'ont pas commis. Ce livre a le mérite et le courage de témoigner d'un quotidien déshumanisant. Pour les Palestiniens et pour les Israéliens.