On les disait en vacances et par conséquent en retrait, même momentané, de la chose politique, mais les Américains, qui ont déjà surpris au mois de juin dernier, le font encore actuellement. Après avoir mal et même très mal noté l'Administration de leur pays en estimant que c'est une erreur d'avoir lancé la guerre contre l'Irak, les voilà cette fois qui affichent un pessimisme franchement déroutant par rapport bien entendu aux appréciations d'il y a tout juste quelques mois. Une majorité d'Américains pense, en effet, que leur pays ne gagnera pas la guerre en Irak et ne pourra pas mettre en place un gouvernement démocratique dans ce pays. C'est un sondage USA Today-CNN-Gallup qui l'a révélé hier. Nul besoin d'analyses ou de discours, seuls les faits comptent. Et jusqu'à présent, soit depuis mars 2003, cette guerre n'a rien d'une balade, et le risque est bien plus grand qu'il n'a été décrit. Dans ce contexte, apprenait-on hier, cinq soldats américains ont été tués ces jours-ci dans une attaque à l'explosif dans le sud-ouest de Baghdad. Selon l'armée américaine, un engin piégé a explosé au passage d'un convoi militaire américain dans le sud-ouest de Baghdad tuant quatre de ses membres. Un autre soldat américain avait été tué dans une attaque à l'explosif près de Samarra (125 km au nord de Baghdad). Ces décès portent à 1781 le nombre de soldats américains morts en Irak depuis l'invasion de mars 2003, selon les chiffres du ministère américain de la Défense (Pentagone). Rien n'y fait, et surtout pas la fin de la guerre décrétée très officiellement dès le mois de mai 2003 par le président George W. Bush, ou encore le transfert l'année suivante de la souveraineté aux Irakiens. Empêtrés dans leurs propres contradictions et le déficit de légitimité, les dirigeants en place depuis juin 2004 ont du mal à définir une stratégie de pouvoir et de l'appliquer. Ils refusent pour cela le départ des troupes étrangères. D'ailleurs, l'évaluation régulière du Pentagone est sans appel. Les Irakiens ne sont pas en mesure d'assurer la sécurité. Plus que cela, celle-ci est tout simplement inexistante, et personne ne peut prétendre contrôler quoi que ce soit. Cela a été rapporté aux Américains qui avaient fortement boudé le discours du président Bush du 28 juin dernier, allant jusqu'à douter de l'existence d' une stratégie. Mais ce qui est encore grave, c'est le fait que 51% des personnes interrogées croient que leur gouvernement a volontairement trompé l'opinion publique sur la question de la possession par l'ancien régime irakien d'armes de destruction massive, principal argument pour le déclenchement de la guerre. Côté irakien, c'est encore plus dramatique. Au moins 48 recrues de l'armée irakienne ont, en effet, été tuées et 58 blessées dans un attentat suicide perpétré vendredi contre un centre de recrutement dans la localité de Rabiaâ (nord-ouest), selon un nouveau bilan de la police hier. Le kamikaze s'est mêlé aux recrues et a fait exploser la charge qu'il transportait, à Rabiaâ, à 120 km au nord-ouest de Mossoul, près de la frontière avec la Syrie. Le colonel Choummari a précisé que l'assaillant portait une charge d'explosif TNT, en plus de grenades et de clous. L'armée américaine a fait exploser hier matin deux grenades qu'elle a trouvées dans la cour du centre, où des traînées de sang étaient toujours visibles. En outre, onze Irakiens ont été tués hier par l'explosion de deux engins piégés au passage de deux véhicules civils au nord de Baghdad, a-t-on appris auprès de la police. Ces attentats ont eu lieu à Ishaki, à 100 km au nord de Baghdad, et Al Dour, à 155 km au nord de la capitale, a indiqué la police sans plus de détail. Tandis que se développent d'autres certitudes, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, appelait les Irakiens à achever la rédaction et adopter sans délai une nouvelle Constitution, lors d'une visite surprise à Baghdad, avertissant que tout retard - très probable - dans le processus politique renforcerait la rébellion, une autre évidence selon nombre d'analystes. « Nous avons des soldats ici. Les gens se font tuer. Plus ils vont vite et mieux c'est », a ajouté M. Rumsfeld. Plus de 171 000 membres des forces de sécurité irakiennes ont été entraînés depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, mais un nombre restreint d'entre eux peuvent effectuer des patrouilles sans l'appui des GI's. M. Rumsfeld a en outre affirmé que les autorités locales devraient examiner le statut juridique des soldats américains et ceux de la Force multinationale après la mise en place d'un gouvernement issu des élections générales de décembre Cela pourrait inclure une extension du mandat de l'ONU et un accord entre les gouvernements concernés sur le statut de ces forces. Cela signifie-t-il leur maintien ? Pourquoi alors tout cet exercice ?