Kheïma naïlie, complexe sportif et culturel et thé sur braise ont donné à cet été du goût et des... odeurs. Faire trempette, s'adonner à son sport favori ou dîner aux chandelles, il n'y a plus qu'à choisir... Par le passé, l'été a toujours été la saison la plus redoutée de l'année. La chaleur caniculaire et les vents de sable rajoutaient à l'ennui interminable du fait qu'aucune activité culturelle n'existait, encore moins d'endroits pour les loisirs. Les mieux nantis iront passer leurs vacances sur les côtes d'Alger, Béjaïa ou encore à l'étranger. Mais il ne s'agit que d'une minorité. Les autres se contenteront de regarder à la télé les émissions sur les plaisirs de l'eau et les soirées artistiques organisées ailleurs... Cette année, si le climat est toujours le même, les choses ont changé depuis l'ouverture de 2 nouveaux établissements réalisés dans le cadre de l'investissement privé. Du coup, la ville est prise dans un tourbillon inhabituel, le soir bien entendu. Dans la journée, les longues siestes s'imposent et l'on s'occupe comme on peut afin d'éviter de sortir et de subir les aléas d'une chaleur écrasante. Ce n'est qu'à partir de 17h que la ville s'éveille. Les vendeurs de thé envahissent les trottoirs de la nouvelle ville en y installant leur arsenal : barbecue, tables, tabac, pâtisserie et autres grillades qui enfument l'air encore suffocant. Les badauds circulent comme ils peuvent et dégustent tout ce qui est exposé au niveau de ces « salons de thé » et « resto » à ciel ouvert, sans se soucier des normes d'hygiène. Les automobilistes, qui viennent se servir, stationnent n'importe comment et provoquent des embouteillages monstres et un vacarme assourdissant à cause des klaxons... Le complexe sportif et culturel Les Palmiers, inauguré le 5 juillet dernier, est pris d'assaut tous les soirs. Initialement, il devait héberger les sportifs, en particulier les professionnels du football. Il sera mis à la disposition du public pour le plus grand bonheur des familles et des jeunes. L'immense terrasse ornée de jasmins, de rosiers multicolores et de palmiers, accueille des centaines de personnes venues déguster pizzas, brochettes ou glaces maison. L'entrée est gratuite et les prix sont identiques à ceux pratiqués ailleurs. Les amateurs de sport auront le choix entre la natation, le karaté, le kung fu, le full contact, la boxe ou encore l'aérobic, pratiqué surtout par les femmes. La piscine est également très fréquentée par ces dernières. Un atelier pour les travaux d'art et un stade omnisports sont mis gratuitement à la disposition des jeunes créateurs et sportifs occasionnels. Situé à la sortie sud de la ville, le Naïli, hôtel (du nom des Ouled Naïl, habitants de la région) est géré par son propriétaire. Cossu et très original, cet hôtel, considéré comme joyau de l'hôtellerie algérienne, a ouvert ses portes il y a quelques semaines. Une immense kheïma est dressée à l'entrée principale. Installés confortablement dans les salons arabes de cette kheïma, les clients dînent aux chandelles. Des plats gastronomiques ou traditionnels sont servis par un personnel qualifié à la tenue parfaite. Coiffure stricte, en costume et nœud papillon, la jeune serveuse à l'œil sur tout. Discrètement et avec le sourire, elles s'adressera à une jeune femme qui portait une tenue trop légère pour qu'elle remette sa djellaba. Il est clair qu'ici la tenue correcte est exigée. En face de la kheïma bien aérée, Abderrahmane Gatcha, le virtuose local du synthé accompagne les chanteurs qui offrent à un public nombreux un répertoire riche et varié, chansons naïlies (décor obligé), kabyles, orientales, raï... A l'intérieur de l'hôtel, salons, restaurants et cafétérias occupent le rez-de-chaussée. Aux étages, les chambres et suites équipées (frigo, télé, lignes téléphoniques directes...) répondent aux normes des grands hôtels. La clientèle de la kheïma est composée essentiellement de cadres exerçant dans la wilaya, de l'élite intellectuelle locale, qui ont fait de cet endroit leur lieu de rencontre, favoris de touristes. Certains d'entre eux nous ont livré leurs impressions. « Il était temps qu'un tel projet soit réalisé dans cette wilaya en plein développement. Nous sommes heureux de pouvoir en profiter pour nous détendre. » Il est certain que le propriétaire, Abdelkader Hamrouche, a réussi son pari, offrir le départemental dans un cadre luxueux en alliant traditionnel et raffinement sans la moindre fausse note.