L'impact de la crise multidimentionnelle qui a affecté le pays durant la décennie écoulée (1990-2000) n'a pas manqué de se propager au niveau de la wilaya d'Oum El Bouaghi, essentiellement à vocation agropastorale. Cette dernière a accusé le coup surtout après 6 années de sécheresse, de 1996 à 2001. Après le boom spectaculaire que la wilaya a enregistré aux toutes premières années de sa promotion, la région qui compte environ 650 000 habitants, commence à ressentir les effets multiples de la crise. Rien n'a servi à endiguer le phénomène du chômage qui touche principalement les jeunes diplômés et dans un autre registre celui de la crise du logement, du fait de la formation de nouvelles familles. Les centres urbains tels que Aïn M'lila, Aïn Beïda, Oum El Bouaghi ou encore Sigus, Meskiana, Aïn Fakroun ploient sous la charge de l'exode rural, ce qui a encore accentué le fléau du chômage qui, selon des indicateurs « semi-officiels », aurait atteint 30 % et servi à intensifier la crise du logement. Les zones rurales, qui abritaient à peu près 30 % de la population globale de la wilaya, ont perdu une grande partie de leur population à la suite de l'apparition du terrorisme conjugué aux mauvais rendements de la terre. C'est maintenant seulement qu'on assiste au retour de certaines familles dans leurs hameaux respectifs. Nous avons pris attache avec le bureau de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) pour avoir une idée sur le taux de chômage, mais mal nous en a pris, car seule la DG, centralisée à Alger, est habilitée à fournir de telles statistiques. Quoi qu'il en soit, cela nous a permis quand même de constater que le nombre des candidats au travail est en perpétuelle hausse. Rien que pour la ville de Aïn Beïda, la plus populeuse de toute la wilaya, on compte environ 20 000 demandeurs d'emploi. La plupart disposent d'un diplôme universitaire : licenciés, ingénieurs et techniciens supérieurs. Certains patientent pendant des années avant d'être recrutés pour tel ou tel poste. En effet, avec le dégraissage, subi par l'ensemble des unités de production implantées dans la région, les recrutements se font au compte-gouttes. Ni la formule emploi des jeunes, ni le filet social, ni même la création de PME et PMI ou micro-entreprises mise en place grâce au dispositif initié par l'Ansej ne sont venues à bout de la crise du chômage, laquelle est exacerbée par l'arrivée sur le marché de l'emploi de jeunes diplômés, sortis soit des universités, soit des CFPA. Reste le secteur agricole qui, à la faveur du FNDRA et d'autres formules, est à même de réduire la tension sur l'emploi. La primauté est donnée à ce secteur vital grâce à de nouveaux plans : octroi de prêts aux agriculteurs, encouragement au développement de l'arboriculture fruitière, comme c'est le cas à Meskiana où plusieurs vergers ont vu le jour. En effet, la plaine de Meskiana, irriguée par l'oued qui la traverse, se prête à ce genre de culture. Toutefois, dans certaines régions, le problème du foncier exacerbe dans une certaine mesure la situation et constitue un vrai casse-tête pour les services concernés. Peut-être qu'avec le nouveau dispositif qui vient d'être lancé , à savoir le CNAC et qui concerne les gens âgés entre 35 et 50 ans, il y aura une possibilité supplémentaire de création d'activités nouvelles. Cela dit, Oum El Bouaghi, qui est une wilaya excessivement pauvre, exige pour son développement un budget supplémentaire. Et l'agriculture reste le secteur à valoriser en urgence, étant entendu que la région n'a pas d'autres vocations à faire valoir.