Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, a été hier l'invité du forum d'El Moudjahid pour une conférence-débat sur les grands axes de sa politique sportive et sur tout ce qu'il entend faire pour l'assainissement du sport en général et la réhabilitation de son secteur. M. Guidoum a axé son intervention sur deux aspects liés au programme du président de la République (2004/2009). Une « mobilisation accrue » des capacités de la jeunesse et un « réaménagement des mentalités ». Pour le conférencier, ce programme doit être géré en commun et avec la participation de tous afin d'atteindre ce qu'il appelle « le réaménagement des mentalités ». En ce sens, dira M. Guidoum, « avec la culture du détail négatif, les adultes ne sauraient transmettre aux jeunes l'esprit de réconciliation ». L'invité du forum a ensuite fait l'état des lieux de son secteur qu'il juge « pollué par l'argent facile qui coule à flots et leur justification par de pseudostatuts », devenus pour lui « le miroir aux alouettes ». Pour cela, M. Guidoum affirme que sa mission première est de remettre de l'ordre, à commencer par la maison ; il prône même une politique d'assainissement, au plus tard dans une année. Il a mis aussi l'accent sur les dysfonctionnements relevés au niveau de son secteur. « Au MJS, l'organisation administrative est absente et manque d'imagination face à un mouvement associatif extrêmement puissant », a fait remarquer M. Guidoum. Il affirme en outre n'avoir de problème avec personne, mais devoir, de par sa vocation première en tant que chirurgien-orthopédiste, agir en conséquence pour remettre de l'ordre là où ça ne marche pas, et pour cela, « il faut d'abord définir une stratégie de développement à laquelle toutes les fédérations doivent adhérer ». Le débat avec les invités et les journalistes a bifurqué ensuite sur l'absence d'infrastructures adéquates pour la préparation de l'élite algérienne, le détournement, à d'autres fins, de ce qu'il en existe déjà, le marasme qui couve le sport en général et le football en particulier, l'utilisation des deniers de l'Etat à des fins hors champ... Le ministre s'est montré très explicite mais aussi déterminé à assainir la situation. Il dira en préambule que la priorité est de récupérer les biens de l'Etat, tels que le complexe du 5 Juillet, le terrain de golf, le Centre de Ghermoul et le Centre de l'ISTS, et de les utiliser, à bon escient, au service de la jeunesse. Il dira en substance : « Mon secteur n'est pas disposé à céder au chantage et va récupérer tout ce qui appartient à l'Etat ». Il promet en outre que des centres de regroupement tels ceux de Tikdja et de Chlef seront mis à la disposition de la gestion du COA pour faire profiter l'élite algérienne et leur éviter des stages très coûteux à l'étranger. Il annoncera dans la foulée « la création prochaine d'un centre de préparation à Djanet pour les athlètes et d'un autre à Koléa pour les équipes nationales de football et que toutes les fédérations bénéficieront dans le futur d'un centre de préparation ». Pour le football, qui reste au demeurant le sport populaire par excellence, M. Guidoum lui a consacré un large espace dans son intervention. Après avoir fait un constat amer sur le plan des résultats, aussi bien au niveau des clubs qu'au niveau des différentes équipes nationales, il annoncera qu'un statut type du joueur, de l'entraîneur, du club, de la fédération, du kiné... est en voie d'élaboration et sera finalisé en septembre prochain. M. Guidoum avouera que « tout a été fait faux scientifiquement et qu'il faut tout refaire à zéro ». Selon lui, « il faut avoir des spécialistes dans chaque discipline, allant des kinésithérapeutes, aux médecins, psychologues, entraîneurs et dirigeants ». Il annoncera en outre qu'une convention sera bientôt signée avec le MDN pour le transport des équipes nationales et d'autres le seront également pour l'hébergement et la restauration. L'utilisation de l'argent de l'Etat à des fins autres que celle à laquelle il devait être destiné a été également évoqué par le conférencier qui affirme que « l'argent a perverti le monde du sport en général et pas seulement en football car le plus grand scandale tourne autour des bourses des athlètes pour qu'en fin de compte, ceux-là mêmes ne répondent pas aux convocations de leur fédération le jour de la compétition ». Il citera pour exemple le père du nageur Benabid qui, selon lui, « doit restituer l'argent qu'il avait pris par tous les moyens ». M. Guidoum a également évoqué le transfert des joueurs étrangers vers l'Algérie qui « ne se fait pas selon les besoins de l'équipe et en concertation avec les techniciens mais souvent par des présidents pour faire plaisir à leur galerie, et de surcroît avec l'argent de l'Etat, qui est pourtant destiné à la formation ».