Les premiers résultats de l'enquête sur l'emploi féminin viennent d'être publiés dans la revue El Ousra éditée par le ministère délégué chargé de la Condition féminine. Réalisé par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), en se fondant sur un échantillon représentatif, à savoir la wilaya d'Oran, le questionnaire des chercheurs du CRASC a concerné 419 femmes travailleuses, parmi lesquelles 47 (11,3%) sont de profession libérale, 13 (3,1%), cadres supérieurs responsables, 58 (13,97%) cadres supérieurs, 77 (18,55%) cadres moyens, 67 (16,1%) des enseignantes, 146 (35,18%) personnel d'exécution et 7 femmes sans profession. Cet échantillon comprend 49,4% de femmes mariées, 31,3% de célibataires, 13,7% de divorcées et 5,5% de veuves. Pour celles mariées, les conjoints pour le tiers (36,9%) sont dans les professions intellectuelles et scientifiques, 22,43% dans les professions intermédiaires et 18,5% dans les catégories de cadres supérieurs. Elles sont âgées entre 35 et 49 ans et ont, pour leur majorité, entre 2 et 3 enfants. Plus du tiers exercent dans le secteur de la santé (36%), puis l'enseignement (22,7%) et les services avec une proportion de 22,5%. Le secteur public absorbe 71,1% des emplois féminins, alors que le privé en emploie 21,5% et l'informel 7,2%. Les femmes interrogées habitent, pour plus de la moitié, dans des appartements, en couple pour 41,7% ou avec les parents pour 36,4%, alors que 12% vivent seules sans la famille. L'enquête a relevé que sur 205 femmes mariées interrogées, 172 (99,4%) habitent en couple sans les beaux-parents. Responsabilité De même que 60% des femmes préfèrent travailler en dehors du domicile et 39% l'inverse. Par ailleurs, 78% des femmes de niveau supérieur considèrent que le travail leur procure plutôt la liberté et 14% de la contrainte, contre respectivement 50% et 50% chez les sans instruction. Le travail est jugé très important pour 60% des femmes et important pour près de 26% et plus celles-ci occupent un poste de responsabilité, plus l'appréciation est positive. Elles sont 64,33% à considérer que l'exercice de la responsabilité ramène un mieux. Pour trouver un emploi, 53,5% des femmes ont soit transmis une demande, soit sur concours, alors que les connaissances ont été pour 26% d'entre elles le moyen de recrutement. En outre, 62% des travailleuses de niveau supérieur ont cherché durant moins d'une année, contre 45% des sans instruction. L'accession à l'emploi a été rapide grâce au diplôme. Les femmes, pour 83,1%, préfèrent travailler dans des milieux mixtes. Quant à l'égalité des conditions d'accès à la responsabilité, elles sont 54,3% à estimer qu'elle existe alors que 45,7% affirment le contraire. Pourtant, estiment les chercheurs, peu de femmes accèdent aux postes de responsabilité même si elles ont un niveau d'instruction supérieur. L'enquête a révélé que les femmes célibataires n'ont pas l'intention de s'arrêter de travailler au moment du mariage ou si la situation de l'époux s'améliore. Le statut de la femme mariée constitue de moins en moins un facteur de suspension de l'investissement dans le travail. 55,22% des femmes qui travaillent ont estimé que leur époux est compréhensif à l'égard de leur emploi, 25,87% ont déclaré que leur mari les soutient et 3% seulement ont des époux hostiles. Fait paradoxal, l'enquête a montré que 8,75% seulement des femmes mariées ont des maris qui les aident dans les tâches ménagères. Pour 60% d'entre elles, le travail est nécessaire alors que pour 35%, il reste complémentaire. 70% des travailleuses veulent progresser dans leur carrière et être épouse ou mère ne représente plus pour elles un facteur de freinage dans leurs aspirations, et 51,3% ne voient aucune différence entre les métiers pour les hommes ou les femmes. La famille ou les loisirs La garde des enfants semble de plus en plus revenir à un mode non traditionnel. Ainsi, 53,48% des femmes placent leurs enfants à la crèche, chez une nourrice à domicile, alors que 46,5% confient leurs enfants à leur mère, belle-mère ou à une parente. 40,76% des femmes consacrent entre 3 et 4 heures par jour aux enfants. Elles consacrent entre 20 et 60% de leur temps en dehors du travail. Ainsi, 70% réservent entre 1 et 2 heures par jour à la préparation des repas, dont plus de 50% sont mariées et 26,85% célibataires. Le temps consacré à la lessive représente 1 à 2 heures par jour pour 36, 59% des femmes alors que 41,2% lui consacrent 2 heures par semaine et 21,54% des célibataires ne font pas la lessive. 38,53% des femmes travailleuses font seules les tâches ménagères, 18% les partagent avec leurs filles et 23% ont recours à une personne d'entretien. 24,7% des femmes ne se reposent qu'une heure par jour, dont 23,8% sont célibataires et 27,2% mariées. 30,2% des travailleuses, dont 33% célibataires et 30% mariées, déclarent se reposer 2 heures par jour. En matière de loisirs, 40,1% des femmes consacrent une partie de leur temps aux visites familiales et près de 92% vont une fois par semaine au bain (hammam). 48,9% vont aux supérettes et supermarchés, dont 37,9% deux fois par semaine. Au chapitre des dépenses, elles sont 65,57% de travailleuses à consacrer 50% de leurs revenus aux dépenses alimentaires, dont 26% sont célibataires et 36% mariées. 2,7% dépensent entre 26 et 50% de leurs revenus dans des achats personnels, parmi elles 20% sont célibataires et 12,2% mariées. Elles sont 53,25% à consacrer leurs revenus aux factures d'électricité, téléphone, eau... dont 59% sont célibataires et 46,23% mariées. Sur un autre chapitre, 13% des femmes sont membres d'associations, 4% adhérentes à des syndicats et 1% militantes de parti politique. Les problèmes majeurs des femmes travailleuses restent les salaires, à en croire les résultats de l'enquête, puis le transport, les horaires de travail, le statut juridique, l'absence de promotion, la disponibilité des crèches, le harcèlement et la discrimination. Ces deux derniers problèmes ont été beaucoup plus soulevés chez les femmes entrepreneurs. Ainsi, elles sont 71,6% à parler des salaires, 63,1% à citer l'absence de moyens de transport, 53,3% à se plaindre des horaires de travail et 48% à souffrir du statut juridique.