L'implication des femmes dans les espaces sociopolitiques est globalement très faible. Deux enquêtes ont été présentées, hier, au siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. La première est intitulée «la femme et l'intégration économique» réalisée de janvier à février 2006, et la seconde traite de la violence à l'égard des femmes. Elles sont réalisées par le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) pour le compte du ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine. Ces deux enquêtes ont soulevé des critiques de la part des participants à cette rencontre. D'ailleurs, la deuxième étude, censée apporter plus de détails et d'informations sur ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur, a été vivement critiquée. Celle-ci a touché 2043 femmes âgées entre 19 et 64 ans dans 11 wilayas et 28 communes. 54% des femmes interrogées sont mariées et un tiers sont célibataires. Les résultats font état d'une femme sur dix qui déclare être victime de violence physique répétée, 2 sur 10 victimes de violence verbale et 3 sur 10 victimes de violence psychologique. Aussi, 16% des femmes interrogées ont déclaré des violences physiques dans le couple. Le taux de violence dans les espaces publics est de 6% pour la violence verbale et physique. Dans l'espace de travail, le taux est de 12,10%. Dans l'espace privé, l'étude fait ressortir et pour la première fois, un taux de 10,9% de rapports sexuels forcés dans le couple. L'enquête relève que la fratrie est le principal auteur des violences dans la famille. Toutefois, les causes et les conséquences de ce phénomène n'ont pas été détaillées dans cette enquête, soulignent les intervenants qui disent qu'en situation de détresse, la femme subit la violence. De plus, ajoutent-ils, certains aspects n'y ont pas été mentionnés à l'exemple des cas d'avortement. D'autres considèrent que l'enquête du Crasc aurait pu cerner davantage le rôle de la femme quant à cette faiblesse de participation dans la société. De son côté, Mme Badra Raymond, directrice du Crasc a indiqué qu'en réponse à une question sur la violence, contenue dans la première enquête, 46% des femmes sur les 13.755 enquêtées, ont déclaré ne pas vivre la violence. Le reste a répondu spontanément. 25% se déclarent être victimes de violence verbale, 22% de violence psychique et 6% de violence physique. La ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, Mme Nouara Saâdia Djaâfar a souligné qu'il faut se mobiliser pour donner le maximum d'informations sur les sujets relatifs à la femme à travers la multiplication des études et des enquêtes. D'ailleurs, elle a saisi l'occasion pour critiquer le rapport du Pnud sur les femmes arabes qui, selon elle, n'a pas mis en évidence les avancées réalisées par la femme algérienne. L'enquête sur la femme et l'intégration économique démontre qu'aujourd'hui, le travail occupe une place structurante chez la femme et l'intégration économique est un facteur favorable à l'implication civique. Mais beaucoup reste à faire puisque sur l'ensemble de la population occupée, 18,68% seulement sont des femmes, confirmant, ainsi, la persistance de la faible présence des femmes parmi cette population. L'enquête a concerné 4436 ménages dans 16 wilayas. Les ménages, objets de l'enquête, comprennent 13.755 femmes, dont 62% ont moins de 35 ans et 77% moins de 45 ans. Les résultats montrent que le travail des femmes se présente d'abord comme une activité urbaine (70,35%) et l'activité rémunérée des femmes est exercée pour près de 60% des enquêtées dans le secteur public et 40% dans le secteur privé. Les femmes activant dans le secteur privé sont plus présentes dans l'informel que dans le formel, avec des taux respectifs de 21,5% et 18,5%, selon l'enquête qui précise que le nombre de ménages, ne comptant aucune femme travailleuse, est de 52,57% en zone urbaine et 62% en zone rurale. Sur l'ensemble des femmes enquêtées travaillant dans le secteur public, 108 occupent des postes de responsabilité, soit 7% de cette population. L'implication des femmes dans les espaces sociopolitiques est globalement très faible, 5,41% des femmes interrogées, note l'enquête. En revanche, elles s'impliquent mieux dans l'activité associative (46,1%), dans les clubs sportifs (25,7%), dans les syndicats (21,4%) et dans les partis politiques (6,98%). Les problèmes majeurs rencontrés par les femmes sont ceux liés, entre autres, au transport, au climat familial, au salaire, au harcèlement. Pour encourager le développement du travail féminin, il a été suggéré la mise en place d'un observatoire de l'emploi féminin.