L'ancien président mauritanien Maaouiya Ould Taya, renversé le 3 août par un coup d'Etat militaire, a appelé hier « ses forces à intervenir pour rétablir l'ordre constitutionnel », a rapporté la chaîne de télévision Al Arabiya. Le président déchu a donné « ordre à ses forces d'intervenir pour rétablir l'ordre constitutionnel et a promis de revenir très prochainement dans son pays », dans un entretien avec un journaliste de la chaîne satellitaire à Niamey (Niger) où il réside depuis le coup d'Etat. M. Taya a également fustigé les putschistes, les qualifiant de « criminels qui l'ont trahi » et qui ont « trompé le peuple », selon la chaîne basée à Dubaï. Il a également indiqué « poursuivre ses contacts internationaux, notamment avec l'Union africaine (qui a suspendu la Mauritanie de ses rangs après le coup d'Etat) », a ajouté Al Arabiya, selon laquelle M. Taya n'a pas eu de contact avec les putschistes. Cette déclaration tranche avec le ton de résignation adopté par l'ancien président dans une première déclaration à Radio France internationale (RFI) vendredi. Il se disait alors simplement « surpris » et estimait qu'il n'y avait « jamais eu en Afrique un coup d'Etat aussi insensé ni aussi dramatique ». A la tête du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), le colonel Ely Ould Mohammed Vall s'est emparé du pouvoir le 3 août en Mauritanie, à la faveur d'un coup d'Etat sans effusion de sang. Le putsch est survenu en l'absence de M. Ould Taya, qui était à Riyad pour assister aux obsèques du roi Fahd d'Arabie Saoudite. Le changement de régime a été condamné par la communauté internationale. Le Conseil de sécurité et de paix de l'UA a annoncé jeudi l'exclusion de la Mauritanie de ses rangs tant que « l'ordre constitutionnel » ne serait pas de retour dans le pays. L'ancien président Ould Taya se trouve depuis le 3 août à Niamey, où il a atterri en provenance de Riyad avant d'y être rejoint vendredi par son épouse et ses enfants. A rappeler que le Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), au pouvoir en Mauritanie depuis mercredi, a pris une série de mesures qui semblent aller dans le sens des promesses démocratiques émises le jour du coup d'Etat. En deux jours, samedi et dimanche, les nouveaux maîtres de Nouakchott ont successivement présenté leur programme de réformes politiques démocratiques, réaménagé la Constitution en affichant leur souci de légalité, nommé un Premier ministre et libéré des détenus politiques. Le président du CMJD, le colonel Ely Ould Mohammed Vall, a reçu samedi les partis politiques « légalement constitués » et leur a exposé un schéma politique qui doit permettre le retour à la vie constitutionnelle à l'issue d'une période de transition ne devant pas excéder deux ans. Dans cette optique, un référendum constitutionnel doit être organisé dans moins d'un an, suivi d'élections législatives et présidentielle dans la foulée avec l'assurance que ni les militaires au pouvoir ni le Premier ministre de transition ne se présenteront à ces consultations.