Les informations parvenant de la capitale mauritanienne restaient contradictoires en fin d'après-midi. Nouakchott a été ébranlée, dans la nuit de samedi à dimanche, par une tentative de coup d'Etat. Celle-ci aurait été conduite par le colonel Salah Ould Hnana, officier radié des rangs de l'armée selon un officier supérieur de la gendarmerie joint au téléphone par l'agence marocaine Map et visait le pouvoir du président Maaouiya Ould Taya. Selon des témoins, cités par les agences, des combats ont opposé durant toute la nuit les putschistes aux forces loyalistes mauritaniennes. Celles-ci ont repris en main la situation hier à la mi-journée, selon des indications de sources proches du gouvernement, lesquelles affirmaient l'échec du coup d'Etat. Toutefois, hier, en fin d'après-midi, aucune indication officielle n'a été fournie sur la tentative de putsch ou sur ses auteurs. En fait, une certaine confusion régnait à Nouakchott alors que des rumeurs indiquaient que le président Ould Taya se serait réfugié dans l'ambassade de France. Ce que Paris a fermement démenti: «Maaouiya Ould Taya n'est pas dans l'ambassade de France, nous démentons cette rumeur.» De fait, les informations contradictoires en provenance de Nouakchott semblent liées au fait que la radio d'Etat après avoir repris ses émissions à 11h locales (midi en Algérie), les a, à nouveau, interrompues 45 minutes plus tard. Les médias qui avaient cessé leurs émissions, lors de la tentative de prise de pouvoir, les ont reprises, hier en milieu de matinée, donnant au directeur de la radio nationale, Sidi Brahim Ould Hamdinou, de lire un message du gouvernement dans lequel celui-ci appelle la population à garder le calme en assurant: «Restez tranquilles chez vous, la situation est maîtrisée sous la direction éclairée du président Ould Taya.» Celui-ci, selon des indications gouvernementales, «se trouve en bonne santé et en sécurité (ainsi que sa famille)». Il faut cependant relever que la radio a cessé d'émettre 45 minutes après avoir repris ses émissions faisant douter de ce qui se passe réellement dans la capitale mauritanienne. Le colonel Maaouiya Ould Ahmed Taya est arrivé au pouvoir en 1984 après avoir déposé, par un coup d'Etat, le président Khouna Ould Haïdallah. Militaire de carrière, il participa en 1978, avec le colonel Khouna Ould Haïdallah, au renversement du président Mokhtar Ould Daddah. Après avoir consolidé son pouvoir, Maaouiya Ould Taya s'engagea dans une vaste réorganisation du pays, se faisant plébisciter à la tête de l'Etat lors de la présidentielle de 1992. L'évolution de la situation internationale aidant, la démocratie et la bonne gouvernance devenant les maîtres mots, le régime du président Ould Taya entreprend alors de libéraliser quelque peu le champ politique en autorisant la création de partis politiques. Cette ouverture démocratique ne se verra pas totalement concrétiser sur le terrain, l'opposition accusant le pouvoir de truquer les élections, décidant ainsi de boycotter la présidentielle de 1997, remportée haut la main par le président Ould Taya. Celui-ci, qui est candidat pour un troisième mandat à la présidentielle de novembre prochain, se heurte à une opposition de plus en plus déterminée. La tentative de putsch d'hier indique que les choses avaient atteint le point de non-retour. Hier après-midi, alors que, selon des agences de presse, l'on continuerait à se battre à l'arme lourde dans Nouakchott, aucune déclaration officielle n'est venue éclairer sur ce qui se passe réellement dans le pays. Toutefois, alors que des témoins affirment qu'il y a eu de nombreux blessés - militaires et civils - des sources proches de la présidence affirmaient l'échec de la tentative de putsch, indiquant que la situation «est maîtrisée», que les forces loyalistes «nettoyaient les poches de résistance». Par ailleurs, des scènes de pillage ont été signalées dans la capitale. Cependant, selon les agences sur place, les médias mauritaniens (radio et télévision) n'avaient pas, en fin d'après-midi (hier), repris leurs émissions, de nouveau interrompues peu après 11h 45 (heures locales et GMT). Ce qui ajoute à la confusion.