Les élus du Front des forces socialistes (FFS) en Kabylie subissent, ces derniers jours, de fortes pressions pour quitter leurs sièges au sein des Assemblées communales locales. Ayant suivi à l'unanimité les instructions de la direction de leur parti de ne pas quitter leurs postes, suite à l'ordonnance présidentielle du 17 juillet dernier, portant sur la dissolution des APC et APW élues dans la région, les élus du FFS sont actuellement confrontés à des problèmes émanant des représentants de l'administration. Selon le chargé de l'information du FFS, Karim Tabbou, « les chefs de daïra et les secrétaires généraux des APC dans les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa ont reçu des ordres pour changer les serrures des sièges afin de les contraindre à abandonner leurs missions pour lesquelles ils ont été élus en octobre 2002 ». « Les chefs de daïra se sont reconvertis en serruriers », a ironisé notre interlocuteur. Karim Tabbou dira encore que les intimidations contre les représentants du parti ne se sont pas limitées à cela. Il a affirmé que des chefs de daïra et des secrétaires généraux des communes de Kabylie auraient procédé à « la confiscation d'une quantité importante de documents administratifs ». « Il y a pire que cela. Alors que nous avons rassemblé le peu de documents restant entre les mains des maires FFS pour les remettre aux présidents des tribunaux, ces derniers ont refusé de les recevoir. Le président du tribunal est le deuxième magistrat de la commune après le maire. En principe, c'est lui qui devrait prendre en charge ces documents. Mais il paraît qu'ils ont reçu un ordre d'en haut, ce qui confirme encore une fois la dépendance de la justice algérienne », a-t-il noté. Afin d'éviter une éventuelle bataille opposant le FFS aux représentants de l'administration, la direction du vieux parti de l'opposition, a souligné l'orateur, a préféré transmettre ces documents au ministère de la Justice. « Nous avons préféré de ne pas livrer bataille aux brigands. Nous avions pris la décision de rester dans la légalité et remettre le peu de dossiers qu'on a au ministre de la Justice, garde des Sceaux », a-t-il ajouté. Afin de faire face à la situation actuelle, en l'occurrence la « révocation » des élus FFS dans la région de Kabylie, le parti de Hocine Aït Ahmed a programmé récemment une batterie d'activités politiques à mener. Le secrétariat national du FFS s'est réuni, avant-hier en son siège national, en session ordinaire pour affiner le programme tracé. Après la marche des élus organisée en juillet dernier, le FFS a décidé de renforcer sa présence sur le terrain. Karim Tabbou a parlé, en effet, d'une sortie du parti sur le terrain à l'occasion du double anniversaire des 20 Août 1955 et 1956. « Nous avons introduit des demandes d'autorisation pour tenir des meetings à Alger. Pour le moment, nous n'avons pas reçu de réponses défavorables. Mais certains échos prévoient que l'administration refusera ces demandes sous prétexte que les salles sont toutes réservées », a-t-il indiqué. Toutefois, le parti compte entamer dès ce week-end ses meetings en Kabylie. Des conférences-débats auront lieu dans les localités d'Azeffoun et Tadmaït (Tizi Ouzou). En plus des séminaires de formation prévus en septembre prochain en collaboration, notamment, avec la fondation Jean-Jaurès (proche du Parti socialiste français), le FFS célébrera son anniversaire le 29 septembre par deux meetings à Tizi Ouzou et Médéa. Concernant les prochaines élections partielles en Kabylie, M. Tabbou s'est interrogé sur la capacité des autorités à organiser ces échéances avant d'assener : « L'opacité avec laquelle est géré ce dossier renseigne sur la volonté du Pouvoir. » Pour lui, tout dépendra des RND et FLN « qui se confondent avec les institutions du pays ». « Je pense que ces deux partis, en conclave avec les archs depuis longtemps, n'ont pas encore affiné leurs listes électorales pour fixer la date de la tenue de ces élections », a-t-il fait remarquer. Le FFS, bien ancré avec le RCD et le MAK de Ferhat M'henni en Kabylie, n'a pas encore clarifié sa position quant à une éventuelle participation à ces élections. Il préfère pour le moment, en dépit des pressions, mener une campagne pour dénoncer la décision relative à la dissolution de ces APC.