Les parents veulent récupérer les corps afin de les enterrer dans la dignité et se disent prêts à payer la facture. Le Raïs Hamidou, un chalutier qui a coulé dans la nuit du 4 au 5 juin 2005, au large de Zemmouri, sert toujours de tombe à trois membres de son équipage. Il s'agit du capitaine du navire, Toufik Touil, 43 ans, marié et père de 3 enfants, de Saïd Touil (oncle du capitaine), 50 ans, et du marin pêcheur Rachid Zahed dit El Harrachi, âgé de 39 ans. Pour mémoire, le bateau de 20 m, composé de 7 membres d'équipage, avait coulé alors qu'il venait juste de jeter un filet spécifique à la pêche à la crevette. « Le filet ayant été coincé par un rocher, il n'était plus possible au chalutier de s'en défaire malgré une mer calme », selon les 4 rescapés qui ont vu l'embarcation couler en quelques secondes. Tarek Z., Lyès B., Youcef E. et Aziz B., qui ont dû quitter précipitamment le Raïs Hamidou, ont été secourus par un chalutier qui pêchait dans les environs. Dès l'annonce du drame, le wali de Boumerdès, accompagné des autorités locales, s'était rendu à Dellys (port d'attache du Raïs Hamidou) afin de superviser les opérations de secours. Malgré les efforts déployés par les gardes-côtes (vedettes et zodiacs) et la contribution de plongeurs professionnels, le repêchage des 3 malheureux n'a pu être effectué. Selon une source proche de la wilaya de Boumerdès, le bateau repose à 300 m de fond, « alors que les plongeurs n'ont pas pu aller au-delà de 80 m ». De leur côté, les familles des 3 disparus crient à qui veut les entendre que l'opération sauvetage « reste du domaine du possible ». « Le bateau n'est qu'à quelques encablures de Zemmouri, il est localisé. Nous voulons récupérer les corps de nos enfants afin de les enterrer dans la dignité. Dans cette situation, il nous est impossible de faire le deuil. Nous implorons l'Etat de nous les rendre avant que leurs corps ne dépérissent à jamais », nous confie Houria, sœur aînée de Rachid Zahed. Et d'ajouter : « Nous avons contacté une équipe spécialisée dans le repêchage de personnes noyées. Basée à Marseille, elle nous a dit qu'elle était prête à travailler moyennant une somme de 2 milliards de centimes. Nous sommes disposés à payer la facture pour peu que les autorités daignent autoriser le déplacement de cette équipe. » Contactée, la direction de la pêche de Boumerdès dit « suivre le dossier de près ». « Nous avons saisi la wilaya qui, elle, a instruit les autorités centrales, à Alger. Nous aurons une réponse très prochainement », nous a déclaré M. Allalou, directeur de la pêche par intérim. Le chef de cabinet du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques s'est rendu à Dellys il y a une semaine. Selon une source proche du cabinet du département de Smaïl Mimoune, le déplacement du haut responsable avait pour but de « réactiver les opérations de sauvetage ». « Toutefois, la balle est dans le camp de la wilaya de Boumerdès. A l'instar de toutes les wilayas du pays, Boumerdès est dotée d'une commission intersectorielle de sécurité et de gestion des risques majeurs. Elle est donc habilitée à intervenir et à sauver les 3 pêcheurs », précise-t-on auprès du ministère de la Pêche.