Le monde arabe est la seule région dont la participation à la croissance économique mondiale est en train de régresser », a déclaré Mark Brown, l'administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Dans une interview parue hier dans le quotidien libanais An-Nahar, le responsable de cette organisation onusienne préconise que « la seule façon de régler le problème de la misère est de permettre aux pauvres de participer à la vie politique » dans cette partie du monde. Par quels mécanismes ? Pour Brown, la voie est toute tracée. « Les dirigeants arabes doivent engager des réformes politiques s'ils veulent stopper cette régression » en renforçant la démocratie et en s'ouvrant au monde extérieur. Les réformes les plus prioritaires concernent « le statut de la femme, les régimes politiques et le droit au savoir », fait-il savoir. Avec grand réalisme, le patron du PNUD estime que « les Arabes doivent trouver le juste milieu entre statu quo et refus de réformes perçues comme imposées de l'extérieur ». Sur ce point, pense-t-il, « la réforme doit venir de l'intérieur » sachant que « les autres régions (en voie de développement) font du surplace quand elles ne progressent pas alors que le monde arabe est en régression ». ArchaÏsme Au mois de juin dernier, lors des assises de la Chambre de commerce franco-arabe, Ghassan Salamé, ancien ministre libanais de la Culture, avait établi semblable constat. La contribution du monde arabe à la mutation actuelle du système économique international est infime, avait-il déploré. Cela peut être observé, selon Salamé, par l'absence ou le silence des délégations des pays arabes qui se rendent dans les multiples réunions internationales qui se tiennent actuellement. Il relève surtout que le choix du centralisme et de l'économie dirigée dans beaucoup de pays arabes a considérablement marginalisé le rôle des milieux économiques et industriels. La revitalisation du rôle civique des différentes associations professionnelles dans la prise d'initiatives apparaît indispensable, juge-t-il à ce propos. Mais ce qui est déplorable, d'après Salamé, est l'archaïsme des structures des entreprises : aucune entreprise transnationale arabe ne figure parmi les 100 premières des pays en développement. Les structures familiales et patrimoniales au capital interne dominent le plus souvent. La stimulation des investissements directs ainsi que la transnationalité des entreprises sont les objectifs prioritaires. Salamé précise, par ailleurs, que l'Etat doit se dégager de plusieurs fonctions économiques, mais continuer à intervenir dans l'éducation, la santé, la politique culturelle, et assurer son rôle de régulateur. Le boom démographique actuel dans le monde arabe est sans précédent, et il est difficile à supporter pour le PNB. L'idée de la création d'un fonds pour les générations futures par certains pays du Golfe est à ce titre, considère Salamé, particulièrement opportune.