Le présent sommet de la Ligue arabe, dont les travaux s'achèveront aujourd'hui à Alger, donnera-t-il le coup de starter à un authentique décollage de la coopération économique interarabe ? Présentera-t-il des solutions en mesure d'encourager les investisseurs des 22 pays composant le monde arabe à injecter leurs capitaux au profit du développement local de ce « bloc » régional ? On en a parlé avant l'entame de cette rencontre qualifiée de « rendez-vous des réformes ». Les responsables arabes semblent conscients de la nécessité d'un grand plan arabe de développement dans les domaines économique, social, politique et culturel. Ils ont fini par se rendre compte qu'ils avaient commencé la construction « de leur union par le toit » avant de consolider ses fondations. C'est du moins ce qui ressort des dernières déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem. Les Arabes veulent, enfin, tirer les leçons de l'exemple européen qui avait, loin des incantations lyriques, édifié une communauté économique solide basée sur une coopération étroite. En tout cas, la volonté existe et les moyens matériels et humains permettant la mise en œuvre d'un plan commun de développement aussi. Le Conseil économique et social (CES) arabe, réuni mercredi et jeudi derniers, a élaboré un document à soumettre à adoption, lors de la réunion d'Alger des souverains et chefs d'Etat. Les experts des pays arabes ont examiné de nombreux dossiers relatifs entre autres à la création de la zone de libre-échange, au projet de lancement d'un satellite scientifique arabe et aux modalités de la réintégration des capitaux arabes, déposés à l'étranger, dans leur pays d'origine. Ces derniers ont passé, également, en revue la situation économique et sociale actuelle dans le monde arabe, les moyens d'y impulser les investissements directs étrangers (IDE) et les modalités de création d'une banque de données économiques et sociales arabe, prévue prochainement à Tunis. Toutefois, entre les intentions exprimées et la réalité, le fossé est déjà énorme. La situation économique et sociale suscite l'effroi. Le produit intérieur brut (PIB) de tous les pays de la Ligue arabe est inférieur à celui de l'Espagne avec seulement 700 milliards de dollars pour plus de 20 pays, soit 0,6% du PIB global. Le PIB par habitant est moins de 2000 dollars et le chômage est situé à hauteur de 25% de la population active. Plus grave encore, les pays arabes comptent plus de 70 millions d'analphabètes. Des chiffres très critiques et accablants. Les économies arabes sont, selon les experts du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en régression. « Le monde arabe est la seule région dont la participation à la croissance mondiale est en régression », avait déclaré Mark Brown, l'administrateur du PNUD, dans une interview accordée l'été dernier à un journal libanais. Véritable contradiction. D'importantes sommes d'argent arabe sont déposées dans des banques étrangères ; le monde arabe compte présentement quelque 1200 milliards de dollars de ses capitaux qui sont entreposés dans ces banques. Un chiffre qui trouve son explication dans le fait que les pays arabes détiennent 60% des réserves mondiales de pétrole et le tiers des réserves de gaz. Les échanges commerciaux interarabes ne sont pas aussi encourageants. Pas plus de 7 à 10% d'échanges commerciaux dont la place prépondérante est occupée par le pétrole. Ainsi, une solution d'urgence pour remédier à cette situation doit être trouvée. Le sommet de la Ligue arabe d'Alger pourrait déboucher sur un plan idoine pour cela.