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Histoire et architecture
Que peut-on encore sauver ? (1re partie)
Publié dans El Watan le 21 - 08 - 2005

Alger a le privilège, partagé avec quelques autres capitales du monde, de posséder de nombreux monuments anciens datant de plusieurs siècles, et relativement bien conservés. Il s'agit en l'espèce de huit mosquées, dont la plus âgée a neuf siècles, ainsi que d'une demi-douzaine de palais datant du XVIIIe siècle.
Tous ces édifices se situent dans le centre historique de la capitale. La plupart d'entre eux ont changé, au fil des siècles, d'affectation et parfois même de mains. Malgré cela, et peut-être à cause de cela, ils sont d'irremplaçables lieux de mémoire. Tout en nous maintenant reliés à une époque que l'on a malheureusement trop longtemps mise entre parenthèses, ils restent d'irrécusables témoins des événements les plus glorieux comme des périodes les plus sombres. L'histoire de notre pays a en effet ses hauts et ses bas, mais à l'instar de celle des autres « elle est un tout dont on ne peut rien distraire », si on veut qu'elle reste authentique. Il se trouve aussi que ces monuments historiques sont en plus des œuvres architecturales de qualité. En dépit des lésions causées par la nature et des mutilations dues à l'homme, ils impressionnent encore par l'élégance de leur allure, la proportion des volumes et des formes, l'harmonie et la grâce de leurs décors et ornementations. Il est évident que ceux qui ont conçu et construit ces édifices avaient le sens de l'esthétique et beaucoup de talent. Ces mosquées et palais sont par ailleurs la preuve irréfutable qu'il y avait en ces temps-là une société algéroise, citadine, cultivée et raffinée. C'est ce passé et ses richesses que l'on va évoquer dans les lignes qui suivent, en signalant chaque fois qu'il y a besoin, tout ce qui laisse à désirer dans leur gestion ; on formulera parfois non pas des avis ou des conseils - c'est là le dernier de nos soucis - mais quelques souhaits et vœux tels que tout Algérois épris de sa ville peut en avoir. La première étape de ce périple historico-culturel sera Djamaâ El Kebir, mosquée construire en 1096 par Youcef Ibn Tashfin, Berbère sanhadja du Sahara, souverain tout puissant de l'empire Almoravide (1050-1160). C'est sous son règne que l'empire parvenu à son apogée s'étendait des confins sud de l'actuelle Mauritanie jusqu'à Alger. Il couvrait donc un territoire à peu près égal à la moitié de ce qu'on nomme de nos jours le Maghreb arabe uni. C'est en outre avec Tashfin que, pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique du Nord, un territoire aussi vaste dépendait d'un souverain qui en était originaire. C'est enfin, à cette époque-là, que Tashfin prenait le contrôle de la moitié sud de la péninsule ibérique que les rois des Taïfas, divisés et décadents, étaient incapables de défendre. On sait que cette présence almoravide en Espagne a, par un juste retour des choses, ouvert l'Afrique du Nord à l'influence bénéfique de la civilisation andalouse. Au plan architectural, ce qui singularise la mosquée Djamaâ El Kebir ce sont : sa salle de prière et son minaret. Selon les hommes de l'art, elle est de type maghrébin d'inspiration arabe. La salle de prière, sans coupole centrale, est hypostyle ; ses puissants piliers sont reliés par de grands arcs ; les arcs des nefs sont festonnés et lobés ; ceux des travées sont unis et polis. Le mihrab est décoré de colonnes et de céramique. Le minaret, refait par un sultan Zyanide de Tlemcen en 1324, est de forme quadrangulaire ; il est surmonté d'un lanternon couvert d'une coupolette et d'une hampe que traverse trois boules de cuivre de grosseur décroissante. Les façades du minaret sont ornées de céramique et de fines sculptures. La galerie extérieure n'est pas d'origine, elle a été ajoutée vers 1840 ; ses colonnes de marbre à chapiteaux décorés de motifs floraux proviennent de la mosquée Es Sayida qui s'élevait à la Jenina (place des Martyrs) et que « l'on s'empressa de jeter inutilement à bas en 1830 », écrit Ch. André Julien dans son Histoire de l'Afrique du Nord. On remarque aussi à l'extrémité de la façade, une longue plaque portant une inscription latine ; c'est un autre rajout. Mais c'est récemment que cette mosquée a subi sa plus grave atteinte. On a en effet recouvert les tuiles rouges de son toit de rouleaux d'étanchéité. Dans sa remarquable description de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Victor Hugo écrit que l'architecture est « le grand livre de l'humanité » et qu'elle exprime « son état de développement comme force et comme intelligence ». La chape que l'on a posée sur la grande mosquée montre que la bêtise humaine peut être dévastatrice et que la régression culturelle est une menace réelle. On se demande pourquoi on n'a pas encore mis fin à cette scandaleuse voie de fait, ni exposé à l'opprobre public les brutes ignares qui l'ont commis. Située en haut du quartier de La Casbah, Djamaâ Safir est la plus grande ancienne mosquée de l'ère ottomane. Deux plaques en marbre scellées à son entrée indiquent, l'une sa date de construction, l'autre sa date de rénovation on apprend ainsi qu'elle a été édifiée par un certain Safar, officier proche de Kheireddine en 1534-1535 ; sur cette plaque Safar rend un vibrant hommage à Kheireddine qu'il qualifie de « grand sultan de seigneur auguste et respecté de moudjahid » ... L'autre plaque nous apprend qu'elle a été rénovée par le Dey Hussein en 1827. Etrange hasard et surprenante coïncidence que la présence côte à côte de ces deux personnages si différents par leur destin respectif , séparé par trois siècles d'histoire que l'un a inaugurée avec panache et gloire, et que l'autre a clôturé dans la défaite et l'humiliation. C'est bien en effet le Beylerbey Kheireddine qui a posé les premières fondations d'un « Etat Algérien » aux limites territoriales connues et reconnues, sur lequel un pouvoir central avait autorité. Ces successeurs ont poursuivi et consolidé le processus. Dans les bibliographies annexées au livre de Ch. André Julien (Histoire de l'Afrique du Nord - Payot 1966) et de Lucette Valensi (Le Maghreb avant la prise d'Alger - Flammarion 1969) on trouve au moins quatre ouvrages dont le titre contient soit l'expression « Etat Algérien » (C'est le cas du livre de Rehbinder, ancien consul du Danemark, publié en 1790-1800 et du livre de Shaler publié à Paris en 1830) ou l'expression « Royaume d'Alger » c'est le cas du livre de Laygier de Tassy publié en 1757 et du livre de Rinn publié en 1900) quoi qu'il en soit, Alger entretenait des relations diplomatiques avec des Etats, conclue des traités (traité avec l'Espagne pour l'évacuation d'Oran en 1792, traité de paix avec la France en 1800, traité avec les USA en 1815) Alger avait son armée et sa flotte de guerre. Alger battait monnaie ; un membre du divan (cabinet) avait le titre de Amine Es-seka fonction qui correspond à celle de l'actuel gouverneur de la Banque centrale. Dans son livre L'a vérité sur l'expédition d'Alger, Amar Hamdani indique que les équipements destinés à la fabrication de la monnaie étaient encore dans la forteresse de La Casbah à l'arrivée du général de Bourmont. Alger avait une administration centrale et une administration territoriale structurée. L'Algérie n'était donc pas avant 1830 une colonie qui a simplement changé de mains le 5 juillet 1830, mais bien un Etat souverain au regard du droit. Dans sa conception et son architecture, la mosquée Safir s'inspire nettement des édifices religieux byzantins ; sa grande coupole centrale et son minaret à forme octogonale sont typiques du style byzantin ou anatolien. L'intérieur de la mosquée et le mihrab sont abondamment décorés de céramique ; ses colonnes surmontées de chapiteaux sculptés de motifs floraux à volutes sont parmi les plus belles d'Alger. Malheureusement pour elle, cette mosquée est située dans un quartier d'accès difficile et profondément délabré, éloignée du regard et hors de portée de la vue des « princes qui nous gouvernent », Djamaâ Safir est dans un état général lamentable. Cette mosquée doit être en toute urgence restaurée et rénovée si l'on veut éviter le pire. Le mécénat privé étant chez nous une pure vue de l'esprit, il n'y a rien à attendre de lui ; il serait tout aussi illusoire d'espérer quoi que ce soit du mouvement associatif qui n'est un secret pour personne - encombré d'individus dont la seule expertise est le captage et le pompage des subventions publiques. Il n'y a que l'Etat qui peut prendre en charge une telle opération. Il en a les moyens. Il suffirait en effet de prélever annuellement, durant cinq années de suite, à peine de 0,5% du total de nos recettes en devises provenant des exportations d'hydrocarbures pour restaurer Djamaâ Safir et tout le reste. Si mes calculs sont exacts, 0,5% de prélevés pendant cinq ans, font au total 200 à 225 millions de dollars US, c'est-à-dire 20 à 22,5 milliards de dinars ou 2000 à 2250 milliards de centimes. Il y a en effet de quoi faire...(A suivre)

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