Dans le cadre de sa campagne en perspective du référendum du 29 septembre prochain portant sur le « projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale », le Président Abdelaziz Bouteflika entamera une tournée dans une dizaine de wilayas du pays. La première étape sera Sétif, jeudi prochain. Suivra Béchar, dimanche 28 du mois courant, puis le Président se rendra à Chlef et Ouargla. Le programme de la campagne, qui devra être clôturée à Alger à quelques jours du référendum, serait en cours de finalisation dans le souci de l'harmoniser avec les engagements nationaux et internationaux du chef de l'Etat. Une campagne que Bouteflika a été ouverte en réalité lors de son discours à Skikda le 20 août dernier où il a partagé son discours à 40% pour évoquer la guerre de Libération et 60% pour exposer son projet de « charte ». La campagne devra également voir impliqués des membres de l'Exécutif, dont le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, également secrétaire général du RND, ainsi que les autres chefs de file de l'Alliance présidentielle, les ministres d'Etat Abdelaziz Belkhadem du FLN et Abouguerra Soltani du MSP. D'autres membres de l'Exécutif ont déjà entamé la campagne, tels Djamal Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, qui était le 21 août dernier à Tizi Ouzou, le 19 à Aïn Defla, et a présenté un ouvrage sur la réconciliation nationale le 17 à Alger. Rachid Benaïssa, ministre délégué au Développement rural, a participé, le 21 août à Alger, à une rencontre sur « La contribution du mouvement féminin algérien à la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement rural et à la réconciliation nationale ». Les initiatives de ce genre sont appelées à se multiplier les prochaines semaines. Une campagne sous le signe également de la poursuite de la violence et de la tension avec Paris. Décors quasi traditionnels des campagnes électorales en Algérie, comme ce fut le cas, notamment, pour la présidentielle de 1995 : climat de violence et annulation de la rencontre Zeroual-Chirac au siège de l'ONU. Une campagne qui se déroulera dans certaines wilayas en l'absence totale des élus du peuple des Assemblée locales suite au décret de dissolution de ces dernières. Une campagne qui se déroule également sous l'état d'urgence, en vigueur depuis 1992, reconduit depuis sans vote du Parlement en totale contradiction avec l'article 91 de la Constitution et du Pacte international sur les droits civils et politiques que l'Algérie a ratifié. Or comment peut-on parler de « réconciliation » sans procéder à des mesures d'apaisement, telle la levée de l'état d'urgence ? La levée de cette entrave permettra un minimum de liberté d'expression sans laquelle les débats ne seraient qu'unilatéraux et consensuels.