Le fragment qui suit est extrait d'un ouvrage de l'historien et journaliste Jacques Duchemin Histoire du FLN, où il va lui aussi de sa version, une parmi plusieurs dizaines d'autres sur ce qui s'est passé le matin du 1er novembre 1954 à Tighanimine sur la route Biskra-Arris. La mort du jeune instituteur Monnerot avait, à son époque, été instrumentée au maximum par la presse et les politiques français pour discréditer les insurgés. (...) Aux gorges de Tighanimine se déroule, au matin, l'épisode le plus célèbre de ce début de révolution. Les hommes de Ben Boulaïd guettent le car de la ligne Arris-Khenchela. C'est une des missions à laquelle le grand patron de la wilaya tient le plus, car il s'agit de la ligne dont l'administration lui a refusé l'exploitation. Par ailleurs, les fellaghas ne pouvaient pas ignorer que le caïd de M'chounèche, Bennnadji Ben Saddok, l'empruntait ce jour-là. On fait descendre les passagers sur le bord de la route. Parmi eux, deux Français de métropole, l'instituteur Guy Monnerot, 23 ans, et sa jeune femme, 21 ans. A la suite d'une discussion véhémente avec le caïd, qui accable de malédictions les hommes de Ben Boulaïd, une rafale de mitraillette part : le caïd est grièvement blessé. On prend aux passagers leur argent à titre de contribution. Mais alors que Guy Monnerot, délesté de 10 000 francs, s'apprête à remonter dans le car, il est abattu à son tour ; sa femme est gravement touchée au ventre. Il semble d'après les explications données par Ben Boulaïd lui-même au journal Alger républicain, que le jeune Monnerot ait été victime d'un geste de nervosité d'un des hommes du commando (...). Jacques C. Duchemin, Histoire du FLN, La Table Ronde, Paris, 1962.