Vous êtes journaliste, universitaire et vous vous intéressez à l'Histoire... Je me considère comme un historien. Cependant, ma formation universitaire n'est pas celle d'un historien. Elle est comme celle d'Umberto Eco. Une formation de linguiste et de sémiologue. J'ai fait l'Ecole des langues orientales (chinois, tibétain...). Je suis devenu historien sur le terrain. Justement, vous avez tutoyé, sans jeu de mots, L'histoire du FLN... Je suis assez fier que mon Histoire du FLN soit considérée comme un ouvrage de référence cité par toutes les bibliographies et reconnu comme objectif. C'est l'histoire du FLN ou de l'ALN (Armée de libération nationale)... En France, en 1954, dans les médias, on ne parlait que du FLN. L'ALN, c'était le sigle que connaissait les spécialistes. Mon livre devrait parler de l'histoire de l'ALN beaucoup plus que l'histoire du FLN. Vous avez voulu être pédagogique... Le livre s'ouvre d'abord sur une esquisse historique de 1830 à 1954, le jour J du 1er novembre 1954, le combat des wilayas, le Congrès de la Soummam, La Bataille d'Alger... Donc, c'est un livre qui a une forme didactique. Ma fierté est que mon livre est repris par les manuels scolaires et que le Salon du livre d'Alger (SILA) soit tombé un 1er novembre. J'ai entendu, à minuit, les 52 coups de canon. C'est une certaine émotion. Le livre a été édité en 1963 et réédité en 2006, en Algérie, par les Editions Mimouni. Vous continuez à écrire sur l'Histoire algérienne... Indirectement, je prépare mes mémoires. Evidemment, je serai amené à parler de tout ce que j'ai vécu en Algérie entre 1954 et 1962. Vous savez, pendant la Révolution, l'armé française avait accrédité des centaines de journalistes et l'ALN que quatre. Et j'étais parmi les quatre journalistes. J'ai eu le privilège d'être très proche de Abdelhafid Boussouf. A l'époque, quand j'étais journaliste, j'avais fait un scoop mondial. C'était la première interview depuis le début de la révolution, en octobre 1959, de Ferhat Abbas. Depuis 1954, il y a eu des centaines de demandes d'interviews des principaux journaux du monde. Et le premier élu, c'était moi. C'était un entretien fleuve que j'ai réalisé à Tunis avec le président du GPRA, Ferhat Abbas en présence de Abdelhafid Boussouf et M'hamed Yazid. Un événement qui avait été repris par tous les journaux du monde.