Histoire du FLN de Jacques Duchemin, publié en 1962 aux éditions de la Table ronde, vient de retrouver les étals des librairies à la faveur d'une nouvelle réédition chez Mimouni, une maison d'édition pionnière. L'auteur, chargé de mission au cabinet du ministre de la Défense française et journaliste-reporter durant la période allant de 1954 à 1969, revient sur le cheminement libérateur du FLN à travers des documents inédits. De plus, l'ouvrage contient un cahier photo. On peut y voir un Mohamedi Saïd coiffé d'un casque de l'armée allemande ou lisant le quotidien parisien le Monde avec Krim Belkacem. D'autres photos plus affligeantes donnent à voir, « dans leur sécheresse », le cadavre de Amirouche Aït Hamouda tué avec Si L'Houas, nous indique Jacques Duchemin, le jour de Pâques par une roquette d'avion. Une sélection semble s'être imposée au journaliste. Il se justifiera en disant en exergue que « (les) photos inédites sont des prises de guerre. Elles ont été retrouvées sur le terrain, soit sur des prisonniers soit sur des cadavres ». Ces mêmes photos nous renseignent, s'il en est, sur cette propension développée chez les maquisards à éterniser les instants présents, sur laquelle doivent se pencher les chercheurs. Par ailleurs, n'ayant assurément pas le recul nécessaire pour jauger, à froid, les événements, l'auteur s'est englué dans des approximations. C'est dire la hardiesse de la besogne et le résultat tout au moins mitigé. Vouloir faire l'histoire du FLN exige plus de rigueur et moins d'extrapolations. Ce qui lui fut d'ailleurs reproché à plusieurs reprises. Boukhalfa Amazit qualifia, lui, l'ouvrage dans un article publié dans El Watan, consacré à Zighout Youcef, héros du nord constantinois, de léger et « trop superficiel ». Toutefois, le mérite du reporter de Paris Match est de s'être essayé, avec une certaine lucidité, à décrire la vie des maquisards, lui qui dit « avoir connu tous les responsables politiques et militaires du FLN ». Et également qu'il les « a suivis dans leurs arrières, dans leurs luttes, dans leurs espoirs et dans leur peur ». Aussi, l'auteur dans la lignée des Yves Courrières et autre Bromberger, qui se sont efforcés de donner une image plus nuancée du mouvement de libération, a le mérite de ne pas « casser du fel » (maquisards) comme se sont ingéniés à le faire les parachutistes du tortionnaire Massu. Cependant, ce qui précède n'enlève en rien à l'intérêt que peuvent y trouver les lecteurs profanes ou le spécialiste. L'ouvrage, publié chez les éditions doyennes Mimouni, reste nécessaire à la compréhension du cheminement « en dents de scie » du FLN. La compréhension du Front appelle ainsi ce genre d'ouvrages où des faits ont été négligés, par ailleurs, au profit d'autres mis (intentionnellement ?) sous la loupe.