Devant l'échoppe Sarah Fleurs, en face de haï Thaoura à Bouira, les voitures qui viennent pour être décorées pour le mariage ont du mal à trouver une place le long du trottoir. Et quand cela devient enfin possible, il faut attendre son tour. Ce jeudi, il y en a au moins une dizaine. Toutes des voitures de marque. Des Méganes, des 406, des Clios, des 4X4, etc. Visiblement débordé, Mohamed, le patron, aidé par deux apprentis, est à la fois à l'intérieur, où il tient la caisse et où il prend des guirlandes et des bouquets de fleurs, et dehors, avec du scotch, du fil et des rubans. Ses deux apprentis font d'aussi belles besognes que lui. Selon l'un d'eux, ils est sur pied dès 5 h et ne lâche ciseaux, colle et fleurs que vers 16h. Il leur arrive très souvent de recevoir les mercredi en après-midi et jeudi jusqu'à 40 voitures par jour. Mais il y a aussi les autres jours de semaine où le travail ne manque pas. Selon le patron de Sarah Fleurs, leur activité s'étend aussi aux décorations des « scènes de mariage ». Ce qui les oblige à se déplacer beucoup. Le rythme démentiel auquel ils se trouvent soumis tous les trois s'explique, selon notre fleuriste versé dans l'arificiel, par le fait que cette année les fêtes ont pris beaucoup de retard. D'où toute cette affluence, selon lui. « C'est pour rattrapper tout ce retard », lance-t-il par-dessus son épaule, en gardant le nez plongé dans ses fleurs et ses plantes artificielles. Assis sur une chaise devant la boutique, Mohamed, le jeune futur marié semble sur des charbons ardents. Sa Mégane blanche est « entre les mains » du patron. Tout en jetant deux exhortations pour que ça aille plus vite, il réclame plus de guirlandes et de couleurs. Pour tempérer son impatience, le patron lui retournent autant d'exhortations, tout en lui promettant qu'il en sera fait selon ses désirs. Lorsque Mohamed passe à la caisse, c'est pour s'entendre dire qu'il doit payer la location et que bouquets de fleurs, de plantes et autres guirlandes doivent retourner le lendemain à la boutique. La location varie de 1000 à 7000 DA, selon la qualité de la décoration, nous confie le patron. Cela semble arranger les clients au point que la formule fait fortune. « Chaque année, je change de style. J'ai écarté cette année délibérement la corbeille qui commence à faire un peu vulgaire. J'opte alors pour les fleurs et les plantes grimpantes. C'est classique, mais c'est beau et les gens apprécient.