Alger reste captive de ses pesanteurs, prisonnière d'un face-à-face éreintant entre la norme et le désordre. La ville se résigne fatalement à céder au parfum des inconséquences, à un flamboyant charivari. Elle balance entre laxisme et condescendance. La figure lumineuse et resplendissante d'une capitale qui respire la santé est à faire. Pour l'instant, la situation a de quoi refroidir les sens. Il n'y a là nulle amertume. Les chemins tortueux de la gabegie sont nombreux et un recyclage de tous les prurits n'est pas à dédaigner. Un exemple parmi tant d'autres. La voie publique, pour qui s'échine à voir, observer et constater, constitue à elle seule un sujet inépuisable, tant elle subit les entorses les plus grasses, les transgressions les plus saisissantes. Le reporter, colporteur et traqueur de confusion et d'anarchie, peut même durcir les crocs à satiété. Il arrive que le grotesque confine à l'intolérable. Une chaise loqueteuse placée au milieu de la chaussée devient un titre de propriété. Cette mode est très fréquente tant l'esprit de possession est vivace. Une passerelle se transforme en bazar. On y vend de tout. Un locataire s'approprie une voie de passage. Il érige un mur, dresse une barrière. Tel est son bon droit. Un commerçant, peu soucieux d'hygiène, installe sa marchandise devant son magasin. Le monde lui appartient. Rien ni personne ne peut le convaincre du contraire. Drôles de trouvailles qui installent l'anarchie, nourrissent les incohérences, troublent le calme et la tranquillité. Le lecteur avisé peut rajouter une pléthore de manquements graves à toute cette litanie. Le plus décevant est qu'on ne distingue pas encore un soupçon de réaction pour remettre de l'ordre dans cette embrouille. C'est peut-être mission impossible, tabou et sacrilège.