La tension sur certaines lignes du réseau urbain ne baisse pas du moindre cran, en été comme durant les autres saisons, à l'intérieur de la ville de Béjaïa. Pour prendre le bus aux heures de pointe au niveau du terminus de La Porte Sarrasine ou des stations d'El Qods, de Tobbal et de la polyclinique de Sidi Ahmed, il faut y aller hardiment. Course jusqu'au point d'arrêt (celui-ci est dépendant de la longueur de la file de bus arrivés avant), bousculade, la gymnastique est quotidienne pour de nombreux usagers. Les plus réservés d'entre ces derniers devront faire preuve de beaucoup de patience avant de pouvoir enfourcher l'une des montures. Ceux qui attendent aux arrêts intermédiaires se résigneront en bien des cas à rejoindre à pied leur destination. En plus de ce scénario « humiliant », des usagers font part de « têtes de lignes variables et de sections d'itinéraires carrément grillés » lors des retours, car les transporteurs mis en cause prétexteraient une baisse sensible de la demande. Pis, des quartiers de la ville, dans le même ordre d'idées, sont encore ignorés par le transport. C'est ainsi qu'aucune ligne ne dessert Qahoua n'Zoubir, le boulevard des Frères Bouaouina, la rue des Vieillards, la cité Moulla, Houma Bazine, la Cifa, la cité Soumari, la Pépinière... alors que certains de ces quartiers étaient sillonnés par les trams durant les premières années de l'indépendance bien qu'à l'époque moins peuplés. L'APC avait, dans une délibération récente, adopté le projet de la remise sur les rails de la régie communale. Un avis d'appel d'offres avait même été lancé pour une fourniture de bus. Les choses, si elles venaient à se concrétiser, viendraient pallier les insuffisances du transport privé. L'urgence est réelle à l'approche de la rentrée sociale qui fait accroître la demande. Le vécu matinal des travailleurs et des écoliers au niveau de Sidi Ahmed, pour ne citer que cette station, est un exploit sans cesse renouvelé qu'on veut voir vite aller aux oubliettes : il faut courir et bousculer chaque matin ses voisins de palier sans pour autant être certain de monter dans l'un des fourgons. Comptez donc avec la hantise (qui vous prend chaque matin) d'arriver en retard à l'école ou au travail. Le problème ne se pose pas bienheureusement pour les écoliers résidant dans la zone suburbaine. Ceux-là sont pris en charge gracieusement par le ramassage scolaire frété par la commune. Les écoliers résidant intra-muros ne seraient-ils pas soulagés si l'initiative de la municipalité était étendue à leur profit ? Il est encore un aspect qui mérite d'être signalé : des diminutions flagrantes des dessertes en soirée des quartiers périphériques de Béjaïa. Ce qui indéniablement décourage les familles qui veulent s'offrir une sortie en ville en ces chaudes journée d'été, alors que les prétextes sont nombreux : foires, spectacles, dégustations de glaces... A priori, la notion de service public n'est pas présente dans la mentalité de tous les transporteurs ; dès que la demande baisse, on rentre au garage. Toujours pour la saison estivale, bien qu'un programme de renforcement du transport sur le littoral ait été mis en application, la tension lors des retours est très perceptible au niveau de certaines plages, notamment Saket, Tala Yilef et Boulimat. Le constat est chargé par la difficile conciliation que le plan bleu veut s'efforcer de réaliser, à savoir « faire face à l'afflux sur les plages et assurer en même temps un service urbain régulier » eu égard au fait que ce sont les navettes de la ville qui fournissent des détachements sur le littoral ouest. La situation est davantage salie par le risque d'être « travaillé » par des pickpockets qui opèrent au niveau de certaines stations de grande affluence.