En cette période, les enfants, issus de familles pauvres à Aïn Beïda (Oum El Bouaghi), s'improvisent commerçants, qui de vieux manuels scolaires, qui de tabac, qui de figues de Barbarie. Ils ont entre 10 et 16 ans et ne rechignent pas à la tâche. Au contraire, ils trouvent un malin plaisir à jouer le rôle de commerçant occasionnel. Il y en a qui sont exploités par les adultes, lesquels les engagent à charger ou à décharger les marchandises ou à servir de plongeur dans un café. En tout état de cause, la précarité de leur situation familiale les contraint à ne refuser aucun travail, aussi avilissant soit-il. Ce qui est par contre effarant, c'est que ces garçons squattent toutes les places, tous les marchés et jusqu'aux coins de rues populeuses : les éplucheurs de figues de Barbarie ont la cote. Ils sont sollicités par les passants auxquels ils épluchent une ou plusieurs figues, après les avoir au préalable trempées dans l'eau pour les débarrasser des épines. « Hendi ! Hendi ! », ne cessent-ils de répéter pour attirer les clients. Les jeunes bouquinistes, eux, ne font aucune promotion de leur marchandise. Ils sont assis à même le trottoir et veillent sur les livres et les manuels scolaires, dont la plupart sont rafistolés avec du scotch et de la colle. C'est signe que la rentrée scolaire avance à grandes enjambées.