Déjà durant les mois de juillet et d'août, nombre d'enfants se sont convertis au commerce, une petite activité qui les aide, en somme, à se faire un peu d'argent. Il y en a qui ont hanté la place du marché hebdomadaire pour proposer,qui des articles de nettoyage(brosses, savon, eau de javel...), qui du tabac à chiquer,qui des parfums... D'autres se sont fait recruter chez des cafetiers, gargotiers ou marchands des quatre saisons. Les enfants, issus de familles nécessiteuses, se sont transformés en « éplucheurs » de figues de barbarie. Ces derniers squattent surtout les coins les plus populeux pour vendre ce fruit à épines, très apprécié des ménages. D'autres encore proposent des oeufs cuits à la coque, en faisant le tour des cafés, des stations de taxis ou des marchés achalandés. Cependant, à l'approche de la rentrée scolaire, un autre commerce s'installe un peu partout en ville : des enfants de différents âges se convertissent en bouquinistes, étalant par-ci de vieux manuels, par-là des livres scolaires usagés. Des livres qui leur ont appartenu, sans doute, au cours des scolarités passées et qu'ils destinent à la vente, soit pour en acheter d'autres, soit pour faire face aux frais qu'occasionnera la rentrée scolaire. Nombre d'entre ces bouquinistes occasionnels investissent les rues qui mènent au marché hebdomadaire, juste en face du stade municipal, pour étaler à même le sol, livres d'occasion, manuels scolaires usagés et parfois des magazines très anciens. Bien entendu, les acheteurs se recrutent parmi les collégiens, les lycéens ou tout simplement les parents à la recherche de livres proposés à des prix modiques et abordables. Quant aux enfants bouquinistes, eux-mêmes sont des collégiens qui ont investi ce créneau, juste pour gagner un peu d'argent qui servira à faire face aux frais de la prochaine rentrée scolaire. Certains nous ont confié qu'ils font cela pour venir en aide à leurs géniteurs, dont le pouvoir d'achat est grandement érodé en ces temps-ci.