Dans une salle désuète, en très mauvais état et face à une assistance nombreuse et chauffée à blanc, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, n'est pas allé au bout de sa mission lors d'un meeting animé jeudi dernier au centre culturel Mohamed Laïd Al Khalifa. La rencontre, pour laquelle les brigades des kasmas du FLN de la wilaya de Constantine, toutes tendances confondues, ont chargé les batteries à fond pour mobiliser les foules, qui fut marquée surtout par la présence de trois ministres, de cadres du RND et de Madani Mezrag, ex-chef de l'ex-AIS, n'aura duré qu'une cinquantaine de minutes. Usant d'un discours trop proche d'un prêche religieux, Abdelaziz Belkhadem ne manquera pas de faire le rappel du processus de paix enclenché par le Président en 1999 avec la loi sur la concorde civile et toutes les démarches ayant acquis l'adhésion du peuple et abouti à la reddition de « ceux qui ont choisi de prendre les armes ». « Ce sont les simples citoyens qui ont payé le prix de cette tragédie. Toute victime est une perte pour nous », déclara-t-il. Le leader du FLN insistera sur la nécessité de se surpasser et de mettre de côté toutes les haines dans l'intérêt d'un pays qui aspire, selon lui, à relancer son économie et reprendre sa place sur la scène internationale. « L'insécurité a fini par reléguer tous les projets de développement, d'urbanisme et de création d'emplois. Les citoyens ont tout abandonné. On ne pourra pas reconstruire un pays qui vit dans la peur. Seule la réconciliation nationale est le dernier remède pour sortir de la crise. » Appelant à tourner une page noire dans l'histoire de l'Algérie en votant massivement pour la charte pour la paix et la réconciliation nationale proposée pour le référendum du 29 septembre, le patron du FLN fera l'impasse sur la question des victimes du terrorisme. Le point d'orgue de la rencontre fut l'intervention remarquée et inattendue des familles des disparus, des femmes peu nombreuses, mais qui ont engagé un débat chaud et soutenu avec Belkhadem malgré les tentatives des organisateurs de les faire taire. « Nous refusons une réconciliation sans les disparus et nous réclamons toute la vérité sur nos enfants. » Apparemment gêné par cette tournure imprévue, le secrétaire général du FLN écourtera son intervention. Le meeting prendra fin sur un goût d'inachevé.