Le Président Abdelaziz Bouteflika animera, aujourd'hui, un meeting à la salle omnisports du quartier Rouisset à Ouargla, à 843 km au sud d'Alger, dans le cadre de sa campagne en faveur du oui pour le référendum sur le « projet de charte pour la paix et la réconciliation », jeudi 29 septembre. Le meeting, prévu en fin de matinée, devra avoir lieu devant des délégations venues des wilayas de Tamanrasset, El Oued, Illizi et Biskra. Hier, les agents communaux s'affairaient, sous 42°C, à parer les grands axes du centre-ville de banderoles affirmant l'inéluctabilité de la « réconciliation nationale » et de drapeaux, ainsi que des inévitables portraits du chef de l'Etat. Une campagne qui se déroule sous une massive couverture des médias publics et avec le soutien ouvert de l'administration en contradiction avec la garantie minimale d'une campagne équitable, assurée pourtant par le droit constitutionnel. Campagne qui semble bénéficier du soutien du ministre de la Solidarité, Djamal Ould Abbas, qui devance presque systématiquement l'arrivée du Président dans chaque étape du périple référendaire. Ould Abbas était vendredi dernier à Ouargla où il a distribué des minibus à deux centres médicaux pour enfants attardés mentaux de Touggourt, trois autobus pour l'équipe de foot de Beni Tour, la Jeunesse sportive de la commune de Nazla et le Flambeau de Rouisset. Ould Abbas a également octroyé 18 bus scolaires et a annoncé que « eddawla », l'Etat, a alloué 650 milliards de centimes au titre d'aide scolaire pour la wilaya de Ouargla. Flambant neufs, les bus offerts par Djamal Ould Abbas occupaient hier le parc du siège de la wilaya. D'autres véhicules sillonnaient la ville en fin d'après-midi d'hier appelant par haut-parleurs les habitants à assister nombreux au meeting du Président. Des troupes folkloriques affluent également des wilayas limitrophes, tout karkabou dehors. Avant de se diriger vers la salle omnisports pour le meeting, le Président Bouteflika devrait visiter la zaouïa kadiriya à 5 km de la ville de Ouargla. Un choix né d'un compromis entre les trois confréries qui quadrillent les âmes de la région, à savoir la Kadiriya, la Tidjaniya à Touggourt et la Timassiniya à Timassine, à une centaine de kilomètres de Ouargla. Les trois zaouïas se seraient disputé l'accueil du chef de l'Etat avant qu'un compromis ne soit trouvé, situant le choix sur la Kadiriya. Choix dicté par la référence à l'Emir Abdelkader, figure de l'Etat-nation algérien ? Peut-être. En tout cas, les représentants des trois confréries occuperont, côte à côte, une aile spéciale à la salle omnisports lieu du meeting pour marquer, dit-on ici de source organique, leur « réconciliation ». Par contre, aucune information n'a filtré sur les possibilités de réconciliation entre les jeunes chômeurs de la région et les centres de décision locaux et nationaux. On se souvient des émeutes de l'emploi de février 2004, de la colère des jeunes qui ne comprenaient pas l'asymétrie imposée entre leur situation et l'extrême richesse du sol et les possibilités d'emploi qui en découlent. Hassi Messaoud et ses bases d'exploitation pétrolière sont à 80 km à l'est de Ouargla. Le taux officiel du chômage, selon la wilaya de Ouargla est de 8,34%, soit 13 534 chômeurs, inscrits sur les 162 290 Ouarglis comptabilisés comme la population active.