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Silence, ça parle !
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2005

lecture d'été. Vacances d'effort et de mémoire. Un auteur, Alixe de Saint André a publié - quel éditeur, quelle date ? Oubliés ! - un roman au titre amusant et approximatif : Papa est entré (ou bien entre) au Panthéon.
Souvenir vague d'une histoire à dormir debout d'un gouvernement français de droite et à bout de souffle qui trouve un truc pour reprendre du poil de la bête politique : faire rentrer au Panthéon un homme de gauche, un dur, un pur, un vrai révolutionnaire, un type dont personne n'a entendu parler pour les mêmes raisons qui ont fait qu'il est ce qu'il est : un révolutionnaire impénitent, un homme de gauche pur et dur. Un opposant interdit de reconnaissance médiatique qui est, comme on le sait, soumise à la logique des calendriers politiques et aux variations climatiques et conjoncturelles. En quête de sondage, un gouvernement décide donc de renouer avec le temps où les hommes étaient grands dans le seul ordre qui puisse compter : celui de l'humanité. L'inconnu révolutionnaire deviendra un grand homme. Il entrera au Panthéon. La droite en sera quitte pour baisser sa garde et, momentanément, se découvrir un flanc à gauche. Mélanger les directions ne nuit pas à la navigation des gouvernements attentifs aux balises qui éclairent le chemin des urnes. Qu'importe la morale, mais gare à la biologie. On ne peut espérer entrer au Panthéon que les pieds devant. Or, le candidat à l'immortalité est encore vivant, quelque part en Amérique du Sud, là où survivent des révolutions résiduelles sur les traces lumineuses de l'immense Che Guevara. Coup dur pour la droite française qui réagit en préservant l'information sous le sceau du secret défense. Elle est prête à s'accommoder de n'importe quels vieux os pour assurer la cérémonie, lorsque le panthéonisable a le bon goût de mourir in extremis. L'histoire est farfelue, idéale pour un esprit en vacances qui a décidé de le rester. Le ton de la narratrice - la fille du candidat malgré lui au Panthéon -, est léger, la formulation pétillante et les chapitres s'avalent, évitant la mastication et la tentation de se pencher sur les profondeurs insondables des manœuvres politiciennes. Je reste à la surface de la page. Parole d'aoûtienne. Pas de diversion. Rien que du divertissement. Et puis, tout à coup, en fin de parcours, une voix se fait entendre et la lumière d'août cesse de me plomber. Je tends l'oreille et j'entends au chapitre 21 (sublime) non plus la fille du papa qui entre au Panthéon, mais le Panthéon lui-même. Le monument aux morts illustres a le cœur gros, et ses plaintes finissent par fendre la pierre millénaire et la surface d'une page que je souhaitai plane. L'édifice bâti pour la gloire de la patrie m'apprend que la grandeur des hommes n'est pas définitive mais sujette aux changements de politique. Certains sont entrés puis sortis, expulsés en l'absence d'une carte de séjour validée par l'éternité. D'autres morts y sont hébergés à vie, et certains d'entre eux - pas tous - font vraiment plaisir à ce vieux monument qui ne transige pas avec la vraie gloire qui transcende les humeurs éphémères et gouvernementales. Il y a Voltaire et Rousseau, les deux frères ennemis en philosophie et en qualité de vie, tombés côte à côte dans ses caveaux, après avoir mené le même combat contre l'injustice et la bêtise. Il y a Victor Hugo, incontesté et incontestable, mort formidable, accompagné par tout un peuple en pleurs jusqu'à sa dernière demeure. Et puis les choses se gâtent. Le vide. Où sont passés les hommes ? Les grands ? Ici ou là, de temps en temps, deux ou trois demi-sel panthéonisés. Indifférence générale. Absolue. Qu'est devenue l'humanité ? L'angoisse de la pierre glorieuse et millénaire suinte. Que lui faut-il donc à cette vieille bâtisse pour la satisfaire ? Qui mérite de faire de vieux os à vie, dans le triomphe de ses bras ? Quels sont les critères d'une bonne panthéonisation ? Chers compatriotes, chers enfants de la patrie. Moi, le Panthéon, j'ai peur de mourir parce que vous mourez mal, centenaires, dans vos lits. Le géant de pierre que je suis voit bien les masses, mais distingue mal les individus. L'homme que je cherche doit m'être rapporté par le vent de l'Histoire, le souffle des idées sans compromissions, sans attestations communales, sans cartes d'invalidité qui valident les privilèges. Moi qui ne comprends plus rien à rien, moi qui ne sais plus où bat le cœur de mon pays, je verrai bien venir à moi, aujourd'hui, quelqu'un qui pense que la patrie est une personne vivante, et qu'elle repose en chacun de nous, femmes ou hommes, comme une eau dormante qui ne doit pas croupir et finir par mourir dans le caniveau, sur le trottoir, vendue au plus offrant. Je serai fier d'accueillir cet homme-là qui, comme moi, ne comprend rien à rien, mais réussit à donner un sens à sa vie parce qu'il navigue sans système, sans maître. Juste des rêves, des grands, plus durables qu'une vie humaine. Le rêve d'un pays, d'une patrie à partager en héritage, à conserver dans nos cœurs de vivants, républicains convaincus et capables de combattre la République quand elle se montre indigne et veule. Moi, le Panthéon, j'attends cet homme et l'Histoire qui me l'apportera. Discours sublime. Regret que les monuments ne parlent pas plus souvent. Ces vieilles carcasses en auraient des choses à dire, tout ce qu'elles ont dans leur ventre et qui leur reste sur le cœur. Avant-dernier chapitre d'un roman léger. L'été est fini. Le premier chapitre de la rentrée s'ouvre avec peine.

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