Le groupe des approvisionnements pétroliers de l'UE, qui rassemble des experts pétroliers des 25, s'est réuni vendredi à Bruxelles pour examiner l'évolution jugée « inquiétante » du marché pétrolier et la « nécessaire » coordination de la politique énergétique des 25. L'objectif de la réunion est de passer en revue le niveau des stocks pétroliers dans les pays européens, estimé actuellement à 117 jours de consommation (contre 90 jours requis par la réglementation européenne) et de coordonner les mesures que les Etats membres devront prendre à court et moyen terme. « La hausse des prix pétroliers, qui a atteint des niveaux records en termes absolus, est une source d'inquiétude grandissante pour les perspectives économiques de l'Union européenne », a commenté le commissaire à l'énergie, Andris Piebalgs. Pour l'exécutif européen, « face à un phénomène qui risque de perdurer », seule une « réponse coordonnée de l'ensemble des pays européens permettra de dégager des solutions efficaces ». Il met en garde également les Etats membres en butte à des mécontentements sociaux dus à ces augmentations du prix du fuel contre la tentation d'amortir la hausse des prix du pétrole par une réduction unilatérale de la fiscalité ». La réunion du groupe d'experts, prévue par la législation européenne depuis le premier choc pétrolier en 1973, pour atténuer les effets de difficultés d'approvisionnement en pétrole brut et produits pétroliers, a pour premier objectif de vérifier le niveau actuel des stocks de sécurité des Etats membres, qui doivent correspondre au moins à 90 jours de consommation. Elle permettra aussi d'examiner les plans d'intervention des Etats membres et de prévoir les mesures à prendre dans la situation actuelle du marché, tant à court terme pour répondre à la dernière flambée des prix pétroliers et aux conséquences de l'ouragan Katrina, qu'à long terme avec des mesures de plus longue portée. Enfin, les Etats membres seront invités à communiquer leur plan d'action pour réduire la consommation. La législation européenne prévoit à ce sujet la possibilité pour la commission de fixer un objectif de réduction de la consommation des produits pétroliers (pouvant atteindre 10% de la consommation normale). Ce groupe a également traité des évolutions des marchés pétroliers au cours des derniers mois qui semblent confirmer la continuation d'une situation tendue entre l'offre et la demande de pétrole dans le monde, qui génère la tendance à la hausse des prix pétroliers et qui expose les marchés à des fluctuations importantes. Les cours du brut sont passés d'une moyenne de 25 dollars par baril en janvier 2002 à 45 dollars en janvier 2005. Actuellement, ils avoisinent les 70 dollars le baril. L'UE, selon les experts de la commission, a été partiellement protégée des effets de l'augmentation des prix du brut dans les années 2003 et 2004 grâce à l'appréciation de l'euro par rapport au dollar, ce qui n'est plus le cas avec la flambée actuelle des prix. Dans son analyse, la commission considère que les causes fondamentales de la hausse des prix actuelle tient à l'accroissement, sans précédent, de la demande mondiale d'énergie primaire, qui était de 4,3% en 2004, soit l'équivalent d'une demande supplémentaire de 2,4 millions de barils par jour, dans un contexte de capacités réduites. Or, actuellement, on estime généralement que seuls deux millions de barils par jour supplémentaires pourraient être mobilisés à court terme. En outre, le manque d'investissement dans l'exploration et la capacité de raffinage est parmi les facteurs qui ont contribué au manque actuel de produits pétroliers. S'y ajoutent les incertitudes géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, ce qui rend ainsi très difficile, sinon impossible, de prévoir de futurs niveaux des prix. La commission européenne a présenté en début de semaine les grandes lignes d'un plan énergie préconisant notamment la réduction de la demande grâce aux économies d'énergie et l'encouragement des sources d'énergies alternatives et durables. L'UE prépare à cet égard un livre vert sur l'efficacité énergétique encourageant ces économies d'énergie aussi bien dans les transports que dans la construction et l'encouragement, à moyen et long terme, des énergies alternatives. Mais à court et moyen terme, le monde aura besoin d'une augmentation de l'approvisionnement de pétrole et gaz et des capacités de raffinage. Au niveau international, l'exécutif européen encourage l'organisation en novembre prochain d'une conférence sur l'efficacité énergétique et la d'un forum sur l'énergie durable, les 13 et 14 octobre 2005. La commission encourage également la poursuite du dialogue structuré, entamé au début de l'été, avec l'OPEP ainsi qu'avec d'autres pays producteurs, comme la Russie et la Norvège, à l'effet d'améliorer la transparence et la prévisibilité du marché pétrolier, et favoriser davantage les investissements dans la production et le raffinage. La 3e réunion avec l'OPEP est prévue avant la fin de cette année. La première historique a été organisée en juin dernier à Bruxelles. Un forum sur les combustibles fossiles destiné à identifier les moyens d'améliorer la stabilité et la prévisibilité des marchés de pétrole et de gaz se réunira pour la première fois le 20 octobre à Berlin.