Le dixième Salon international du livre d'Alger (Sila) sera placé sous le signe de « la mémoire revisitée ». Du 21 au 30 septembre, le Palais des expositions, aux Pins maritimes, accueillera 667 éditeurs venant de 22 pays. Le président du comité d'organisation, Ahmed Boucenna, a animé, hier, une conférence de presse à l'hôtel El Aurassi, à Alger. Directeur général de l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep), Ahmed Boucenna était entouré des membres du comité d'organisation, des présidents des syndicats des professionnels du livre (Spl), des éditeurs du livre (Snel), de l'Association des libraires (Aslia), un représentant de la Société des foires et expositions (Safex), avec l'absence remarquée du secrétaire général de l'Union des écrivain algériens (UEA), Azzedine Mihoubi, député RND. Ahmed Boucenna a présenté la manifestation en insistant sur son dixième anniversaire, synonyme, pour lui, d'un « moment charnière ». Le président du comité n'a, toutefois, pas donné de détails sur « les ambitions pour les futurs Sila », qu'il a lui-même évoquées. Il a fait part de son projet de mettre en place une structure permanente, car, a-t-il dit, « le comité d'organisation disparaît avec la fin du salon », la gestion financière étant jusque-là confiée à la Safex. Sur le prix du livre, Ahmed Boucenna a fait part de son incapacité d'intervenir dans ce registre. « Nous voyons, pour notre part, le côté culturel de la manifestation, mais les exposants s'occupent du commercial. Nous avons sensibilisé les exposants afin qu'ils pratiquent un ‘‘prix salon'', mais il leur appartient en dernier ressort d'appliquer les prix qu'ils souhaitent », a-t-il illustré. Sur la participation du livre religieux, Ahmed Boucenna a fait part de sa fermeté sous couvert des dispositions de la loi sur le livre de 2001. « Nous ne permettrons pas l'apologie des extrémismes », a-t-il martelé, en indiquant que deux commissions du ministère des Affaires religieuses traitent ce chapitre, alors que le dispositif ne comportait qu'une seule lors des éditions précédentes. « Ce dispositif continuera à activer durant toute la durée du salon », a-t-il ajouté. Fatiha Soual, présidente de l'Association des libraires algériens, a exprimé les objectifs de sa participation au comité d'organisation. « Nous avons souhaité donner une envergure intellectuelle au salon, à travers un programme d'animation important », a-t-elle indiqué. Ce programme d'animation prévoit des conférences, dont celle consacrée à Edward Saïd, le 23 septembre, des débats, des hommages, comme ceux consacrés à l'écrivain Sadek Aïssat et au directeur du Haut-Conseil à l'amazighité (HCA), Mohamed Aït Amrane, le mardi 27 septembre, ainsi que des cafés littéraires et des ateliers d'écriture pour enfants. Contrairement à ce que son intitulé d'international pourrait le laisser supposer, le « programme d'animation » du Sila comporte peu d'interventions internationales, si ce n'est les activités des centres culturels étrangers en Algérie, tels espagnol et français. Le président du comité d'organisation a mis l'accent, pour sa part, sur le café littéraire dédié aux écrivaines femmes. « Une façon pour le Sila d'honorer toutes celles qui, à l'image de Assia Djebbar - aujourd'hui à l'Académie française -, ont donné à la littérature algérienne ses plus belles lettres. » L'écrivaine ne sera pas présente au café littéraire en question, qui verra la participation de Ahlem Mostaghanemi, Christiane Chaulet-Achour, Zineb Laouedj, Malika Mokkadem, ainsi que d'autres femmes de lettres. L'évènement phare de ce dixième Sila et qui s'inscrit dans la thématique de « la mémoire revisitée » est un colloque intitulé « La pensée politique algérienne 1830-1962 » qui ouvrira ses travaux dans la matinée du 25 septembre. En réponse à la question d'une association littéraire sur la disparition des places gratuites réservées aux associations et aux éditions débutantes, Ahmed Boucenna a reconnu que « durant un certain temps, le Sila donnait des places gratuites, même aux éditeurs étrangers, car autrement personne ne serait venu », mais qu'« aujourd'hui, ce sont les standards internationaux ». En l'absence d'un plan d'exposition du dixième Sila, dont la conception est à venir, promet le président du comité d'organisation, M. Adda, homme de terrain en complet kaki, a été appelé à la rescousse et a donné, en des termes martiaux, le détail de l'organisation et des inscriptions. Il indiquera que la participation algérienne comporte « 125 maisons d'édition et... apparentés, ouel fahem yefhem (je me fais comprendre) », a-t-il lancé en faisant allusion aux détenteurs de registres de commerce éditeurs, qui sont « en fait des importateurs de livres » en provenance des pays arabes. En raison de l'affluence record des éditeurs arabes, M. Adda a expliqué que le pavillon central de la Safex leur a été réservé, le reste des exposants étant distribués sur les sites annexes du Palais des expositions.