Les ambitions du sommet mondial de l'Onu, qui se tiendra à partir d'aujourd'hui et durant trois jours à New York, commencent déjà à être revues à la baisse avant même son ouverture. Les pressions se sont multipliées de la part notamment des Américains qui ont tout fait pour torpiller les objectifs stratégiques que s'est tracé à l'origine cet important rendez-vous mondial. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Anan, qui voulait finir en beauté son mandat - lequel prend fin en 2006, s'est investi comme jamais auparavant à inscrire son nom dans l'histoire comme étant le parrain des réformes du système des Nations unies pris en otage depuis sa création par une poignée d'Etats membres permanents du conseil de sécurité qui régentent le monde, forts de leur droit de veto. Le secrétaire général de l'ONU, qui se trouve dans une mauvaise posture par rapport au scandale du dossier « pétrole contre nourriture » dans lequel sa responsabilité est engagée même s'il n'a pas mis personnellement son doigt dans le pot de miel, est très mal servi par la conjoncture pour se faire l'avocat de l'indispensable démocratisation du fonctionnement des instances onusiennes. Devant l'acharnement des Américains à faire barrage aux différents projets de textes de réformes élaborés, dont celui porté par l'Afrique qui revendique l'élargissement du conseil à 24 membres avec deux sièges permanents jouissant du droit de veto, Kofi Annan, qui n'a ni le pouvoir ni la volonté de croiser le fer avec un membre aussi influent du Conseil de sécurité qui est le principal bailleur de fonds de l'ONU, a fini par capituler en évacuant du débat du sommet mondial la question des réformes de l'ONU, qui était à l'origine, le point nodal de cette rencontre. « Il n' y aura pas de réformes avant la fin de l'année », a indiqué le secrétaire général de l'ONU à la veille de l'ouverture du sommet tout en évitant bien évidemment de situer les responsabilités du blocage de ce dossier qui divise les Etats membres. A défaut d'ouvrir cette boîte de pandore sur laquelle le consensus était impossible à établir entre les Etats membres, les discussions de ce sommet vont se focaliser sur sept grandes questions : le développement, le terrorisme, la nécessité de protéger les peuples menacés de génocide, la non-prolifération des armes de destruction massive, les droits de l'homme et la consolidation de la paix. Autant dire que ce sommet, qui se voulait au départ celui de la réforme de l'ONU et de la lutte contre la pauvreté - un sommet qui, disait-on, devait s'inscrire dans le droit fil des objectifs du millénaire, n'aura pas d'autre objectif que celui de coller au plus près des préoccupations des grandes puissances et principalement des Etats-Unis d'Amérique qui a commémoré hier le quatrième anniversaire des attentats contre les deux tours jumelles. Le dossier du terrorisme qui a fait l'objet de plusieurs résolutions onusiennes depuis cet événement figure en bonne place dans l'agenda du sommet. Cependant, s'il existe aujourd'hui un consensus planétaire quant à la nécessité d'éradiquer ce fléau à travers une coopération internationale plus soutenue, les avis restent partagés quant à la définition du terrorisme. Les pays arabes mettent en garde contre tout amalgame dans ce sens visant à confondre terrorisme et résistance armée, comme c'est le cas de la lutte du peuple palestinien pour le recouvrement de son indépendance. Compte tenu de la complexité du dossier et de ses enjeux, un compromis a pu être trouvé par les experts du comité qui a planché sur le projet de texte à soumettre à l'assemblée générale. Le texte qui sera discuté et adopté par le sommet sera de portée générale, le texte final sous la forme d'une convention devra être soumis à la fin de l'année en cours à l'assemblée générale.