De Rio à Johannesburg, une décennie pour le développement. Quel bilan? Ce que tentera d'établir le sommet qui se tient jusqu'au 4 septembre. Une centaine de chefs d'Etat se presseront à partir d'aujourd'hui au centre, super-luxueux, de Sandton -- dans la banlieue Nord de Johannesburg -- qui accueillera durant dix jours le deuxième sommet consacré au développement durable et au progrès social. Tout un programme, certes, mais un programme qui reste dépendant de la bonne volonté des grands pays seuls à même de faire bouger les choses dans le bon sens. Il ne fait pas de doute, les bonnes intentions existent, mais de là à ce qu'elles se transforment en actes, il y a un monde. Le premier accroc enregistré dans ce forum mondial est l'absence du président américain George W.Bush, qui délègue son secrétaire d'Etat Colin Powell qui assistera...aux deux dernières journées du sommet. C'est dire tout l'intérêt que porte la première puissance mondiale à la situation préoccupante pour ne pas dire alarmante où se trouve la planète: agressée par un développement débridé et sans contrôle des pays industrialisés. Alors que faire? C'est pour répondre à ces questionnements, ou préoccupations récurrentes, que les Nations unies tentent, depuis deux ou trois décennies, de mettre en place un programme de sauvegarde à même d'ouvrir la voie à un développement durable et le progrès social pour tous les continents. Cela n'est cependant pas évident face au particularisme de certains Etats, notamment les Etats Unis, qui refusent de faire cause commune avec le reste de la communauté internationale. Avant même qu'il commence ses travaux, le sommet de la Terre de Johannesburg est menacé de catastrophe par les différends, qui semblent inconciliables, apparus dans la rédaction d'une vision globale du développement. Ainsi, un petit comité travaille, à huis clos, pour essayer de concilier développement économique et protection de l'environnement, dans la perspective de concrétiser les recommandations de l'Agenda 21, adoptées à Rio en 1992 et demeurées sans effet jusque-là. Un autre point d'achoppement oppose directement Européens de l'UE aux Américains à propos des nouveaux objectifs que doit déterminer Johannesburg. Les Européens veulent que ces objectifs «soient chiffrés» car, selon eux, «indispensables pour faire décoller les pays pauvres» ce que l'administration Bush refuse catégoriquement en se montrant opposée à «tout nouvel engagement multilatéral» En réalité, l'un des buts de ces projets, est, comme l'annonçait lors du sommet du millénaire le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, la réduction de moitié, d'ici à 2015, de la pauvreté dans le monde, M.Annan mettant à l'index «l'opulence d'une minorité» face à la «misère noire de la majorité». Déjà, en 1995 à Copenhague, lors du Sommet mondial pour le progrès social, son prédécesseur, Boutros Boutros-Ghali, s'insurgeait contre le fait «intolérable» qui fait qu' «une société qui s'avance à pas toujours plus grands vers le progrès, laisse sur le bord du chemin et dans le désespoir absolu plus d'un milliard d'hommes, de femmes et d'enfants». Soucieuse de réduire autant que faire se peut, le large fossé entre riches et pauvres du monde, l'ONU s'est fixé cinq priorités qu'elle veut défendre à Johannesburg. 1. L'accès à l'eau potable et à l'assainissement (évacuation des eaux usées), ces dispositions concerneraient respectivement 1,2 et 2,4 milliards de personnes. 2 -- accès à l'électricité pour deux milliards d'hommes. 3 -- La lutte contre le sida et les maladies tropicales. 4) donner un accès des produits agricoles du Sud aux marchés du Nord. Enfin, la cinquième priorité des Nations unies consiste en la sauvegarde de la biodiversité, tant par un ralentissement de l'accroissement démographique (il y aura 8, 2 milliards d'habitants sur la terre à l'horizon 2020-2025), un contrôle de certaines activités humaines qui favorisent la déforestation (celle-ci, selon les indications de l'ONU est en hausse de 2,4% depuis 1990), protéger de la disparition la faune et la flore dont l'existence est indispensable à l'être humain pour se nourrir ou se soigner. Or, depuis le sommet de Rio, qui a fait du développement et de la préservation de l'environnement une priorité, peu de choses ont été entreprises pour donner un début d'application aux recommandations de l'Agenda 21. Sur les 2500 recommandations prescrites à Rio, concrètement, aucune d'elles n'a connu un début d'exécution. Trois conventions ont été produites à Rio, la Convention sur la désertification, semble avoir disparu corps et biens; la Convention sur la biodiversité, n'a, en rien, empêché la déforestation sauvage, notamment en Indonésie. Pour ce qui est de la Convention sur le climat, la seule qui eut un suivi avec le protocole de Kyoto de 1997, elle fut quasiment torpillée par les Etats-Unis qui refusèrent d'en ratifier l'accord. Johannesburg veut concrétiser les promesses de Rio. Il est permis d'en douter lorsque l'Etat le plus puissant du monde développe une philosophie qui va à l'encontre de l'intérêt général du monde.