L'affichage de la liste nominative des 157 bénéficiaires de l'aide à l'autoconstruction de la commune de Yakouren, daïra d'Azzazga, a soulevé un véritable tollé au sein de la population locale. La nouvelle s'est vite répandue dans toute la commune, et la placette de l'APC s'est avérée exiguë pour contenir la foule des contestataires, notamment ceux dont les noms ne figurent pas sur la liste. Cette dernière a été affichée la veille du départ des élus. « Ils ont préparé cette liste le matin et l'ont affichée l'après-midi, datée d'une semaine avant leur départ, en se donnant foi d'accomplir leur devoir. » selon une source proche de l'APC. « Nous ne savons pas à base de quel critère s'est faite la sélection. Comment se fait-il que certains aisés ont bénéficié de cette aide au détriment de ceux qui en ont plus besoin. Alors que, cette aide est exclusivement attribuée pour la résorption de l'habitat précaire », se demande-t-on. Les contestataires ont décidé de réitérer leurs demandes et de recourir au comité du village pour une prise en charge de leur cas, puisqu'il faisait partie de la commission d'enquête. Selon un responsable local, membre de la commission chargée de recenser les démunis de la région, « la commune de Yakouren compte seulement 80 cas de personnes qui vivent dans des taudis et qui sont incontestablement bénéficiaires, sinon l'aide est allouée aux familles nombreuses nécessitants un toit décent ». Devant l'enceinte de l'APC, un citoyen en colère contre les enquêteurs crie : « Pourquoi ils n'ont pas pris en considération mon cas ? » Il nous explique qu'il est issu d'une famille de 14 personnes vivant sous le même toit. Il était en train de s'expliquer avec le chef de service technique. Ce dernier nous a affirmé que la faute est au niveau de l'assiette foncière. Car, « ils ne peuvent pas construire une nouvelle maison sur un terrain accidenté à cause de l'inaccessibilité, donc il y a difficulté pour faire les études nécessaires relatives à la nouvelle construction ». A cela s'ajoute le fait que « l'aide est accordée aux villageois non touchés par la zone urbaine. Autrement dit, qui vivent loin du chef- lieu de la commune », ajoute-t-il. Notre interlocuteur nous a fait savoir que le jour de l'enquête, certains demandeurs ont aménagé des petites huttes alors qu'ils ont des villas. A cet effet, le même responsable nous a révélé que « lors de l'enquête certains demandeurs, particulièrement ceux du village Tighilt Boukssas, sis à 9 km de Yakouren, ont déménagé vers leurs vieilles maisons qu'ils ont quittées depuis des années rien que pour arnaquer ». Pour éviter tout désagrément et toute nouvelle contestation, l'administration de ladite commune a promis de reconsidérer la situation peu reluisante des nécessiteux non retenus.