Un rassemblement des étudiants a été organisé hier au niveau de la bibliothèque centrale de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO), pour protester « contre la charte de la honte et l'impunité de l'islamisme assassin ». Cette manifestation, initiée par le comité universitaire pour la vérité et la justice regroupant des militants de différentes tendances, a lieu à la veille de la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans la wilaya de Tizi Ouzou, dans le cadre de sa campagne pour le référendum du 29 septembre. Des banderoles sur lesquelles est écrit, entre autres, « Non à la charte de la honte », ont été accrochées sur le mur de la bibliothèque universitaire. Des tracts rejetant la charte pour la réconciliation nationale ont été distribués par les militants du MDS. « Que Bouteflika sache qu'il n'est pas le bienvenu dans notre université et qu'il ne le sera jamais tant qu'il n'a pas demandé pardon, au nom de l'Etat algérien, aux familles des martyrs du printemps noir et à tous ceux qui sont morts pour ce pays », ont insisté la vingtaine d'intervenants, des militants du RCD, du MAK et du MDS, devant une centaine d'étudiants qui ont soutenu l'idée d'un autre rassemblement demain au même endroit. Curieusement, aucun militant du FFS n'a pris la parole. Des fonctionnaires et des enseignants ont appuyé cette action qu'ils considèrent comme étant une preuve qu'« heureusement, tous les Algériens ne sont pas à acheter par l'argent du pétrole qui renforce la dictature d'un système prêt à tout ». Unanimement, ils ont dénoncé « le recteur et ces subordonnés qui ont osé salir la mémoire de Mouloud Mammeri en attribuant le titre de docteur honoris causa des sciences sociales à Ahmed Ben Bella ». Hend Amarouche, responsable du laboratoire de recherche en physique et chimie quantique à l'UMMTO, militant du mouvement berbère, a affirmé que « l'université demeurera et pour toujours le terrain de l'expression libre de ces milliers de militants qui sont restés fidèles au combat de leurs aînés et aux idéaux de la démocratie ». « L'Algérie est restée debout grâce aux patriotes de la Mitidja, Bouira, aux sacrifices de Djaout, Boucebci et des milliers d'autres patriotes anonymes. Au nom de ceux-là mêmes que Bouteflika veut pardonner aux ennemis de la démocratie et de la modernité », enchaîne Karim, un étudiant en économie. Les différents intervenants ont souligné que « personne n'est contre la paix. Mais que la justice soit faite et qu'aucun n'est apte à pardonner au nom de ces centaines de milliers de morts durant les quinze dernières années ».